Ce ne sont pas toutes les entreprises canadiennes qui souffrent de la poussée du huard.

Ce ne sont pas toutes les entreprises canadiennes qui souffrent de la poussée du huard.

«Celles qui achètent en dollars US et qui vendent en dollars canadiens sont avantagées», explique Philippe Le Blanc, président de Cote 100.

Profitant de l'effet de la devise, ces compagnies voient leurs profits augmenter; un préalable pour une bonne tenue de leurs titres en Bourse.

«Les détaillants qui vendent surtout au Canada sont en bonne position», constate le gestionnaire.

Dans sa liste, on retrouve Reitmans, Forzani et Canadian Tire.

L'achat des marchandises, en dollars US, que ce soit en Chine ou ailleurs, compte pour une grande partie de leurs coûts.

«L'appréciation du huard face au billet vert américain fait en sorte que ces achats coûtent de moins en moins cher», dit-il.

Du coup, cela permet aux détaillants d'améliorer leurs marges bénéficiaires.

«Tout le monde est gagnant», souligne M. Le Blanc.

D'une part, une partie de cette baisse est refilée aux consommateurs qui paient moins cher (ou qui voient les prix augmenter moins rapidement). D'autre part, les détaillants font de meilleurs profits.

Les épiciers, comme Metro, Loblaws et Sobeys, sont aussi gagnants.

«Les produits qu'ils achètent aux États-Unis, pensons aux légumes de Californie, leur coûtent moins chers», dit le spécialiste.

Les transporteurs aériens font également partie des privilégiés.

Transat AT et Westjet achètent du carburant, libellés en dollars US, à meilleur coût.

De plus, les baux de location d'avions sont moins dispendieux puisqu'ils sont négociés en devise américaine.

Sans compter, ajoute M. Le Blanc, que les Canadiens voyagent beaucoup plus à l'étranger quand notre dollar est fort.

«Bien sûr, les sociétés canadiennes ont des programmes de couverture pour se protéger des fluctuations de la devise, rappelle-t-il. Mais, au fur et à mesure que les échéances viennent à terme l'effet se fera sentir.»

Les entreprises qui achètent de gros équipements à l'étranger sont aussi avantagées.

C'est le cas des sociétés de télécommunications et des entreprises de services publics (électricité, gaz, pétrole) qui bâtissent leurs réseaux ou qui font l'acquisition de turbines, de génératrices, etc.

«L'impact sur les profits se fait toutefois sentir à un peu plus long terme car ces grandes dépenses sont capitalisées sur de nombreuses années», précise le gestionnaire.

Par ailleurs, Philippe Le Blanc signale qu'une série d'entreprises sont peu touchées par la hausse du dollar canadien.

Les banques et les assureurs qui font peu affaire aux États-Unis (Nationale, Laurentienne, ING Canada) ne subissent pas de grands impacts.

D'autres sociétés sont dans la même situation: Emergis, Home Capital Group et Fiducie de revenu Pages Jaunes.

Cela dit, le gestionnaire pense que l'envolée du huard au-delà des 94 cents est «une occasion historique pour acheter des compagnies américaines».

Pour l'instant, il ne serait pas surpris de voir le dollar poursuivre sa remontée étant donné le fort mouvement de fusions et acquisitions, le boum des métaux et la spéculation sur la devise.

Mais cela ne l'empêche pas de prendre graduellement position dans des géants américains présents partout dans le monde.

Parmi ses choix, on retrouve General Electric, 3M et Citigroup.

«Il y a une opportunité d'acquérir de belles sociétés qui se vendent à des prix intéressants tout en investissant en dollars américains, dit-il. Même si on se trompe un peu sur le taux de change on peut quand même bien faire en choisissant les bonnes compagnies.»