Quand une crise, une guerre ou une famine fait les manchettes, les candidatures spontanées affluent dans les organismes humanitaires. Une fois les projecteurs partis, le calme revient.

Quand une crise, une guerre ou une famine fait les manchettes, les candidatures spontanées affluent dans les organismes humanitaires. Une fois les projecteurs partis, le calme revient.

Pourtant, Médecins Sans Frontières, par exemple, est sans cesse sur la ligne de feu et recrute à longueur d'année. L'organisme recherche des volontaires issus des professions médicales et, pour 50 % de ses effectifs, des spécialistes de domaines non médicaux.

«Nous avons besoin de logisticiens, d'administrateurs, de spécialistes en gestion et en assainissement des eaux, d'ingénieurs et de biologistes», précise Martin Girard, responsable des ressources humaines et du recrutement pour MSF Québec.

À l'exception des chirurgiens et des anesthésistes, qui peuvent partir pour moins de deux mois, tous les autres accomplissent des missions de neuf mois.

MSF tient une rencontre d'information mensuelle au restaurant Le Commensal, rue Saint-Denis, à Montréal. La prochaine aura lieu le 19 mars, à 18h. La participation est obligatoire pour amorcer le processus de recrutement.

«Certaines personnes qui voulaient joindre MSF ont réalisé, au contact des témoignages et des images, que ce n'était pas pour eux», dit M. Girard.

Les volontaires n'ont pas le choix de leur destination. MSF les envoie là où sont les besoins. Les recrues ont cependant le droit de refuser certaines missions. MSF travaille dans des pays et zones de conflits armés.

Il faut donc avoir une grande tolérance au risque et être prêt à vivre dans des conditions rudimentaires, sans grande intimité.

«Il faut savoir accepter les cultures locales et gérer son stress. Il faut un bon équilibre de passion et de raison. Les aventuriers et les cow-boys n'ont pas leur place à MSF», précise M. Girard.

Les volontaires de MSF ont en moyenne 33 ans. La plupart des professionnels recrutés par l'organisme ont déjà réalisé des mandats pour d'autres ONG ou effectué de nombreux voyages dans les pays en développement.

Aide au développement

Près d'une trentaine de volontaires internationaux sont recherchés ces jours-ci par Oxfam-Québec. Chaque année, l'organisme recrute environ une centaine de candidats qui mettront en oeuvre, dans huit pays, des programmes financés par l'Agence canadienne de coopération internationale (ACDI).

«Les volontaires partent pour un mandat renouvelable de deux ans. Ils sont engagés dans des projets de développement durable avec nos partenaires locaux. Ils reçoivent une allocation de subsistance sur place», explique Annie Vaillancourt, coordonnatrice des ressources humaines chez Oxfam-Québec.

Si plusieurs des postes offerts touchent la gestion et le développement organisationnel, certaines compétences très particulières sont également recherchées. Ainsi, Oxfam recherche un spécialiste en fabrication de fromages pour un projet en Haïti.

Même si Oxfam-Québec fait surtout de l'aide au développement et intervient très peu en secours d'urgence, l'organisme est présent dans certains pays marqués par la violence, comme Haïti, le Liban et la Palestine. «Le recrutement y est plus difficile», indique Mme Vaillancourt.

Son organisme sélectionne les volontaires en fonction des besoins des différents projets ainsi que de leur profil de compétences et leur expérience. Mme Vaillancourt prend également bien soin de vérifier leurs attentes.

«Plusieurs personnes veulent faire de la coopération pour changer le monde. Elles doivent être bien conscientes que tout changement prend du temps, de l'écoute et de l'ouverture et qu'elles ne parviendront pas à changer le monde de la façon dont elles l'imaginent. En coopération, les changements sont souvent faits de petits gestes, de petits pas», précise Mme Vaillancourt.

Malgré ces précisions, certains coopérants reviennent déçus.

Des expériences décevantes

Sylvain, mi-trentaine, a mis fin prématurément l'an dernier à un mandat de coopération internationale en Afrique. Il devait y séjourner deux ans. Il est revenu après neuf mois. Déçu.

Il devait aider un organisme communautaire local à améliorer sa gestion et sa gouvernance. Il a assez rapidement constaté que ses responsables préféraient le statu quo.

«Dans plusieurs pays en développement, le démarrage d'une association est une excellente façon de se créer un emploi. Ces entrepreneurs du communautaire n'apprécient pas qu'on vienne se mettre le nez dans leurs affaires», dit-il.

Sa déception était d'autant plus grande qu'il avait mûrement réfléchi sa décision de travailler outre-mer. «Avant mon départ, je sentais que ma carrière ici plafonnait. J'occupais le poste le plus élevé dans mon organisation. Je voyais la coopération volontaire comme une étape menant vers un poste salarié dans une ONG internationale», raconte-t-il.

Pendant son absence, Sylvain avait pris soin d'entretenir ses contacts professionnels. Il a donc rapidement trouvé un nouvel emploi dans le secteur où il travaillait. «À la fin de ce mandat, il me faudra à nouveau imaginer de nouvelles pistes pour la progression de ma carrière», dit-il.

Pour l'instant, il n'envisage pas un nouveau départ. «La majorité des volontaires sont des nouveaux venus sur le marché du travail ou encore, ils sont préretraités ou retraités. La coopération internationale est très difficile pour les individus en milieu de carrière. Quand le marché de l'emploi est assez fermé, comme au cours des dernières années, un séjour prolongé à l'étranger peut mettre un frein ou même stopper la progression de carrière», analyse Sylvain. Dommage. Car il dit avoir vécu, malgré tout, une expérience humaine extraordinaire en Afrique.