Développement économique et protection de l'environnement doivent aller de pair au Canada, a soutenu le nouveau chef des libéraux fédéraux, Stéphane Dion, devant un auditoire de gens d'affaires influents, mardi à Toronto.

Développement économique et protection de l'environnement doivent aller de pair au Canada, a soutenu le nouveau chef des libéraux fédéraux, Stéphane Dion, devant un auditoire de gens d'affaires influents, mardi à Toronto.

Et s'il devient premier ministre, l'une de ses priorités serait de revoir la fiscalité des entreprises afin de la rendre favorable à l'environnement.

«La mise en place d'une fiscalité écolo ferait partie de mon premier budget comme premier ministre», a indiqué M. Dion lors d'un point de presse après son discours.

«Ça comprendrait une revue systématique de la fiscalité, dont celle de l'industrie du pétrole et du gaz», a souligné le chef de l'opposition, qui revenait d'un périple de quelques jours en Alberta.

«Entre autres, il faudrait revoir le régime fiscal pour l'amortissement des investissements, afin que ces avantages soient conditionnels à des projets de réduction des émissions polluantes et de l'utilisation de l'eau pour extraire la ressource.»

L'industrie des sables bitumineux en Alberta, en plein boom, est de plus en plus critiquée pour la croissance de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et sa consommation d'eau, jusqu'à trois barils pour chaque baril de pétrole lourd extrait des sables.

Durant son discours, prononcé devant 650 convives de l'Economic Club et de la Chambre de commerce de Toronto (Board of Trade), Stéphane Dion a décrit une «économie respectueuse de l'environnement, une économie durable» comme «la plus grande chance économique du XXIe siècle pour le Canada».

Mais pour y parvenir, en plus de « politiques énergiques » des gouvernements qui «tirent partie des forces du marché», les gens d'affaires canadiens devront être innovateurs et audacieux, a expliqué le chef libéral.

«Penser qu'il faut choisir un environnement moins pollué au prix d'une économie moins dynamique, c'est dépassé. Un tel compromis représente simplement un manque d'imagination.

«En réduisant de plusieurs mégatonnes ses émissions de gaz à effet de serre, le Canada fera des mégatonnes de profits», a dit M. Dion, avant de citer en exemple les «industries vertes» qui ont émergées au Royaume-Uni et en Scandinavie, avec des politiques appropriées.

«Les Canadiens sont fiers de voir le BlackBerry, une invention canadienne, utilisé partout dans le monde. Pour sa prospérité, le Canada a besoin d'autres inventions de ce type, mais dans les secteurs de l'environnement.»

Parmi les gens d'affaires présents, Claude Dussault, président d'ING Canada, un géant de l'assurance basé à Toronto, a qualifié de «très bien présentés» les arguments de M. Dion.

«L'environnement et l'économie, ça nous préoccupe, dans l'assurance, avec les dommages provoqués par les intempéries plus graves», a indiqué M. Dussault.

«Le discours de M. Dion est encore général, mais il touche des cordes de plus en plus sensibles dans l'opinion publique. Avec des tels objectifs, on peut stimuler l'innovation et, du coup, générer de l'activité économique.»

Mais dans l'immédiat, politique partisane oblige, Stéphane Dion a tenu à critiquer «l'abandon» de politiques environnementales de la part du gouvernement conservateur actuel.

«Le Canada a perdu un an de progrès à cause de M. Harper», a soutenu le chef libéral, en énumérant des programmes environnementaux qui ont subi des «coupes sombres».

En contrepartie, il a réclamé la création d'un système de droits d'émissions de GES – un élément de base du projet de Bourse du climat préparé à la Bourse de Montréal – ainsi que le rétablissement de programmes d'efficacité énergétique.

Et si le gouvernement Harper effectuait un changement de cap en environnement, avec des cibles plus sévères, comme le laissait entendre un quotidien torontois, mardi?

«Tant mieux s'il reprend mes idées. Mais il ne pourra jamais faire mieux qu'un aperçu de ce que je ferais si je deviens premier ministre», a lancé le chef libéral.