La série noire de BP aux Etats-Unis a continué cette semaine avec l'annonce d'un nouveau report de production à la plate-forme Thunder Horse, mais le groupe a cette fois entrepris de réagir en annonçant une révision exhaustive de ses activités, qui durera plusieurs années.

La série noire de BP aux Etats-Unis a continué cette semaine avec l'annonce d'un nouveau report de production à la plate-forme Thunder Horse, mais le groupe a cette fois entrepris de réagir en annonçant une révision exhaustive de ses activités, qui durera plusieurs années.

Le groupe pétrolier a annoncé lundi un quatrième report, à mi-2008 au lieu de début 2007, de l'entrée en production de Thunder Horse, dans le Golfe du Mexique, dont il va falloir refaire l'ensemble des soudures sous-marines.

"Un gros revers et un sale coup", a commenté Simon Wardell, analyste du secteur chez Global Insight, qui risque d'aggraver encore l'image de BP aux Etats-Unis depuis un an.

Cette semaine s'est en effet ouvert le procès civil de l'explosion de la raffinerie de Texas City, qui avait fait 15 morts et 170 blessés en mars 2005, à cause d'erreurs internes reconnues par le groupe. La semaine dernière, BP a dû admettre aussi une fuite de l'équivalent de 1.000 barils dans le port de Long Beach, en Californie.

Celle-ci est minime en comparaison de la pollution survenue cette année en Alaska, la plus grosse zone d'exploitation américaine de BP, à cause de la corrosion d'oléoducs mal entretenus. Elle a abouti à une fermeture partielle du champ de Prudhoe Bay.

En outre, BP fait l'objet de trois enquêtes aux Etats-Unis depuis juin, pour des manipulations supposées des cours du propane, du brut et de l'essence entre 2002 et 2004.

Cette semaine, BP a annoncé sa première bonne nouvelle depuis longtemps aux Etats-Unis, un investissement de trois milliards de dollars dans sa raffinerie de Whiting, dans l'Indiana, qui lui permettra d'approvisionner un million d'automobilistes américains supplémentaires.

Mais surtout, il a déclenché un plan géant de révision de ses activités, qui devrait durer entre 5 et 10 ans, et aboutir à une meilleure intégration des activités mondiales, un peu à la façon dont l'américain Exxon s'était entièrement restructuré après la pollution de l'Exxon Valdez en 1989, pour devenir le groupe pétrolier réputé le plus sûr du monde.

Les problèmes américains sont liés à l'élargissement très rapide de BP qui, de grosse compagnie britannique, est devenue géant mondial après l'acquisition en 2000 et 2001 des américains Arco, Castrol et Amoco. "De nombreuses unités se sont trouvées alors isolées du groupe lui-même", estime Simon Wardell.

BP a admis publiquement ses responsabilités depuis l'an dernier, son patron John Browne s'est excusé à plusieurs reprises pour l'explosion de Texas City et la pollution en Alaska, mais l'analyste juge bon que BP "essaie désormais d'agir rapidement pour tenter de montrer qu'ils prennent les choses à coeur".

"C'est la réputation qui est en jeu, au-delà des problèmes d'investisseurs et de prix de l'action", selon lui.

Après la pollution en Alaska, BP a cependant reçu le soutien de Sybil Ackerman, responsable de l'Association des électeurs écologistes de l'Oregon, une environnementaliste américaine réputée.

Alors que BP est devenu sous John Browne un des leaders mondiaux des énergies renouvelables, M. Ackerman a récemment estimé dans le Financial Times que le groupe méritait "un blâme, mais pas une vendetta".

Elle a mis en garde contre la tentation de certains politiques américains d'utiliser les problèmes de BP pour se "venger d'une compagnie qui s'est battue pour l'adoption des mesures environnementales responsables". Pour elle, il faut soutenir BP, "ou les autres en déduiront qu'être vert ne paie pas".

Le quotidien britannique Guardian a pour sa part révélé cette semaine que l'académie scientifique Royal Society venait d'écrire à Exxon pour lui demander de cesser de soutenir financièrement les lobbies qui dénient les risques du changement climatique.

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