L'échéance vous guette, vous aussi. Vous ou vos parents. Tôt ou tard, inévitablement, arrive le moment où on ne peut plus s'occuper de ses finances comme autrefois.

L'échéance vous guette, vous aussi. Vous ou vos parents. Tôt ou tard, inévitablement, arrive le moment où on ne peut plus s'occuper de ses finances comme autrefois.

Réduction de la mobilité. Diminution des facultés intellectuelles. Et autres calamités ordinaires. D'où viendra l'aide? Comment l'encadrer?

La bonne nouvelle: l'aide proviendra le plus souvent des proches.

La mauvaise: les problèmes aussi.

Quand la mobilité ou la capacité de concentration diminue, les personnes âgées auront fréquemment recours à l'aide d'un proche pour les petites activités de gestion quotidienne.

«Dans la grande majorité des cas, les aînés préfèrent s'occuper seuls de la gestion de leurs biens», indique Karine Genest, directrice aux programmes à FADOQ-Mouvement des aînés du Québec.

«Par contre, lors du veuvage, certaines femmes âgées ont besoin d'un soutien pour certaines activités, comme les déclaration de revenus.»

Un accompagnement tout simple sera requis pour le paiement des factures, quelques transactions bancaires, le renouvellement d'une assurance...

«Ce n'est pas parce qu'on a un petit problème de mémoire qu'on est forcément incapable de s'occuper de ses affaires, constate Mario Tardif, organisateur communautaire au Regroupements des aidantes et aidants naturels de Montréal. Quelquefois, seul un petit coup de main est nécessaire. Beaucoup d'aide informelle peut être offerte.»

Selon le Portrait des aînés au Canada, publié cette semaine par Statistique Canada, 11 % des personnes de 65 ans et plus, et 39 % de celles de 85 ans et plus, reçoivent de l'aide pour payer les factures, faire les opérations bancaires, faire l'épicerie ou pour le transport, en raison d'un problème de santé de longue durée.

«Un tiers des personnes âgées ayant reçu cette aide l'avait obtenue de leur fille, et le quart de leur fils », précise Martin Turcotte, co-auteur du rapport.

Les pratiques varieront selon le milieu et les circonstances. Ainsi, Danielle Maltais, professeure au département de Sciences humaines de l'Université du Québec à Chicoutimi et co-auteure d'une étude réalisée au Saguenay-Lac Saint-Jean auprès de quelque 80 aidants naturels, a observé que le conjoint de l'aidante principale prendra souvent charge des finances de son beau-père ou de sa belle-mère.

«Nous nous sommes rendu compte que c'était très souvent une responsabilité masculine», signale-t-elle.

Des abus croissants...

Est-ce une simple question de mathématique reliée au vieillissement de la population ? La Fadoq-Mouvements des aînés du Québec reçoit beaucoup plus d'appels à propos d'abus financiers par les proches qu'auparavant, observe Karine Genest.

Ces dérapages se sont multipliés depuis 20 ans, confirme Sophie Ducharme, notaire et directrice des services fiduciaires aux particuliers chez Desjardins. À un point où elle invite les notaires, administrateurs et autres conseillers à agir lorsqu'ils en sont témoins.

«Nous sommes appelés à être témoin de plus en plus d'abus, soutient Mme Ducharme. Nous devons intervenir et nous mettons présentement sur pied un cours pour nos conseillers.»

L'article 48 de la Charte des droits et libertés énonce que toute personne âgée ou handicapée a «droit à la protection et à la sécurité que doivent lui apporter sa famille ou les personnes qui en tiennent lieu.»

Selon Mme Ducharme, il s'ensuit une obligation de secours qui peut être étendue aux professionnels en contact avec ces personnes démunies. «Le professionnel devra être plus enclin à rencontrer les proches, à les confronter peut-être, et si nécessaire à les dénoncer au Curateur», soutient-elle.

...Et des malentendus

Les soupçons d'abus, quelquefois simples malentendus, peuvent provenir d'une perception faussée par la baisse des facultés.

«Les gens ne retrouvent plus leur compte, leur carnet de caisse, le 100 $ du mois dernier qu'ils avaient mis sous l'oreiller, narre Mario Tardif. Ils ne se souviennent plus qu'ils ont confié à quelqu'un la tâche de le déposer. Il n'est pas rare qu'ils demanderont à cette personne ce qu'elle a fait avec cet argent.»

L'aîné refusera fréquemment de reconnaître qu'il commence à souffrir de perte cognitive. «Même si tu lui expliques que tu es allé déposer l'argent, mieux vaut avoir les documents pour le lui démontrer», poursuit M. Tardif. «L'important est de mettre les choses au clair dès que possible et pendant que tout le monde a sa tête.»

Qu'il s'agisse d'abus ou de malentendus, des précautions s'imposent...