Le Canada devrait garder une distance entre ses relations politiques et ses liens économiques avec la Chine et encourager une plus grande indépendance économique face aux États-Unis en s'ouvrant davantage face au géant asiatique, a affirmé lundi l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Sherry Cooper.

Le Canada devrait garder une distance entre ses relations politiques et ses liens économiques avec la Chine et encourager une plus grande indépendance économique face aux États-Unis en s'ouvrant davantage face au géant asiatique, a affirmé lundi l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Sherry Cooper.

«Nous (les Canadiens) sommes horrifiés par le non-respect des droits de la personne (en Chine). Il s'agit d'un régime politique oppressif sans mentionner son piètre dossier en matière environnementale, ce qui affecte les écosystèmes de toute la planète», a reconnu Mme Cooper au cours d'une conférence intitulée «Le Grand Nord rencontre l'Empire du milieu: pourquoi le Canada doit-il s'éprendre de la Chine».

Mais cela ne doit pas empêcher les Canadiens de reconnaître la puissance économique de la Chine. On doit encourager les relations commerciales entre les deux pays. «Les deux questions — droits de la personne et relations commerciales — doivent être séparées», a-t-elle dit.

D'un point de vue politique, elle préfère que les pressions soient exercées par une coalition de pays occidentaux par l'entremise d'organisations comme les Nations Unies ou l'Organisation mondiale du commerce. Toutefois, d'un point de vue économique, a-t-elle ajouté, comme il s'agit d'un marché capitaliste, «les entreprises doivent tenir compte de leurs intérêts à long terme».

Mme Cooper croit qu'une plus grande ouverture vers la Chine aiderait le commerce extérieur canadien, lequel, a-t-elle jugé, n'est pas assez diversifié et vise trop uniquement le marché américain.

«Au lieu (de soutenir l'activité économique des États-Unis en excluant presque tous les autres pays), nous ferions mieux de diversifier les marchés sur lesquels nous faisons affaire à l'étranger, et de resserrer nos liens économiques avec l'Asie, la région du monde qui vit actuellement la croissance la plus forte», a-t-elle écrit dans un rapport rendu public lundi.

Mme Cooper a dit déplorer que le gouvernement fédéral propose des mesures qui n'aideront pas les entreprises étatiques étrangères à investir au Canada, bien au contraire.

«Il est très important que le gouvernement, avant d'imposer des réglementations qui rendront difficiles aux Chinois la possibilité d'investir directement au Canada, tienne compte de l'importance grandissante de la Chine et de ses relations avec les États-Unis.»

Quelle politique le Canada doit-il appliquer lorsque les entreprises étatiques chinoises tentent d'investir dans les secteurs miniers et énergétiques du pays ?

Le gouvernement doit mettre de l'importance sur les coentreprises et analyser chaque cas par cas, répond-elle.

La Chine trouve également que les entreprises canadiennes sont trop timides, si on en croit des commentaires du ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty.

Les autorités chinoises ont indiqué à M. Flaherty, qui mettait un terme, dimanche, à un voyage à Shanghai et à Pékin, qu'elles désiraient que les banques canadiennes augmentent leurs investissements dans leur pays.

À titre de comparaison, le ministre Flaherty a cité deux compagnies d'assurances canadiennes — Manuvie et Sun Life — qui se partagent un segment important du marché chinois après avoir fait preuve d'agressivité.

Les banques canadiennes prennent de l'expansion en Chine mais M. Flaherty souligne que d'autres banques étrangères ont fait des percées plus importantes en étant plus actives.

Le ministre des Finances a formulé ce commentaire, dimanche, au terme d'un voyage à Shanghai et à Pékin