Éprouvés au cours des deux derniers hivers, les ménages qui chauffent au mazout auraient dû avoir leur revanche cette année.

Éprouvés au cours des deux derniers hivers, les ménages qui chauffent au mazout auraient dû avoir leur revanche cette année.

Les températures anormalement douces ont réduit leur consommation, et les prix sont en chute libre sur le marché de New York. Mais la baisse des prix ne se reflète pas encore sur leurs factures.

Les prix de gros sont passés de 57,30 cents le litre à la mi-décembre à 50,60 jeudi, mais le prix de vente moyen hors taxe n'a presque pas bougé pendant la même période. Le litre de mazout se vendait 68,29 cents en décembre à Montréal et 68,28 cents cette semaine, selon le relevé de la Régie de l'énergie.

«Certains distributeurs s'en mettent plein les poches», s'est indigné un lecteur après avoir constaté lui-même la situation.

Les prix du mazout varient énormément d'un distributeur à l'autre, d'une région à l'autre et même à Montréal. Cette semaine, le distributeur indépendant Bouthilier Rioux affichait un prix de 64,9 cents, tandis que chez Ultramar, il fallait débourser 68,9 cents. Mais dans tous les cas, les prix ne reflètent pas la baisse du prix du pétrole brut, qui a encore clôturé à la baisse jeudi sur le marché de New York, à 50,48 $ US le baril

Les prix du mazout n'ont pas baissé autant que les consommateurs pouvaient s'y attendre, reconnaît le porte-parole d'Ultramar, Louis Forget. Mais les distributeurs ne feront pas plus d'argent pour autant.

Selon lui, ce serait plutôt le contraire à cause du début d'hiver clément. «Comme on dit, on va manger nos bas.»

Le marché du mazout ne fonctionne pas comme celui de l'essence. Les vendeurs ont des coûts fixes importants, soit un réseau de distribution, des camions et des chauffeurs, qu'ils doivent supporter peu importe le volume des ventes.

Or, ils ont très peu vendu cette année. «En décembre, nos ventes en volume ont été de 30 à 35% inférieures à celles de décembre 2005, qui n'était déjà pas une bonne année de chauffage. Jusqu'à maintenant en janvier, on parle d'une baisse des ventes de 20%», explique Louis Forget.

Le prix du mazout ne baisse pas vite, parce que les distributeurs tentent de limiter leurs pertes. S'ils peuvent faire ça, c'est parce que la concurrence est moins forte dans la vente de mazout et que les consommateurs ne peuvent pas changer de fournisseurs facilement, comme ils le font pour l'essence.

Au Québec, seulement 17% des ménages utilisent le mazout pour chauffer leur maison. Malgré les prix qui s'obstinent à rester élevés, leur facture de chauffage sera quand même réduite par rapport à l'hiver dernier.

Le prix moyen depuis le début de l'hiver, à 68,28 cents le litre, reste moins élevé que l'an dernier (70,79 cents le litre) et, à cause du temps plus doux, la consommation totale de l'hiver sera inférieure à celle de l'an dernier.

Ceux qui chauffent à l'électricité paient des tarifs de 5,3% plus élevés que l'hiver dernier, mais ils ont consommé eux aussi moins d'énergie. Hydro a vendu 1 milliard de kilowattheures de moins en décembre que pendant le même mois en 2005, a fait savoir sa porte-parole Hélène Laurin.

À un prix de vente d'environ 6,5 cents le kilowattheure, on peut estimer la perte de revenus d'Hydro à 65 millions pour décembre seulement.