Un modèle, une inspiration, un leader en matière de développement durable. Les commentaires dithyrambiques à l'égard de la papetière Cascades ne viennent pas de son PDG ou du président de son conseil d'administration. Elles sortent plutôt de la bouche de Steven Guilbeault, directeur de Greenpeace Québec.

Un modèle, une inspiration, un leader en matière de développement durable. Les commentaires dithyrambiques à l'égard de la papetière Cascades ne viennent pas de son PDG ou du président de son conseil d'administration. Elles sortent plutôt de la bouche de Steven Guilbeault, directeur de Greenpeace Québec.

"Les environnementalistes n'ont pas l'habitude de saluer à la légère les efforts des entreprises, dit M. Guilbeault. Mais le cas de Cascades est particulier. L'entreprise est un modèle à plusieurs niveaux. C'est un leader qui ne se contente pas de suivre les règles. Cascades fait beaucoup plus d'efforts que le reste de l'industrie en matière de consommation d'eau, d'énergie et de produits recyclés. Comme ils se donnent l'obligation de réussir, leurs résultats sont impressionnants."

Développement durable. Deux mots qui se sont retrouvés un peu par hasard dans les usines de pâtes et papier de Cascades, dont le siège social est situé à Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec.

À ses débuts en 1964, la société n'avait pas l'ambition de devenir la chouchoute des écolos. Ses dirigeants ne faisaient que suivre la devise familiale: pas de gaspillage.

"Nous venions d'une famille très pauvre, dit le PDG Alain Lemaire. Il fallait récupérer au lieu de gaspiller. Ça faisait partie de nos valeurs. Le développement durable s'est accentué au fur et à mesure que les technologies se sont développées, mais nous en faisions déjà sans le savoir."

Les Lemaire ont vite réalisé les avantages financiers à opérer selon les valeurs familiales. "Nos coûts de production étaient meilleurs que ceux de la concurrence, dit Alain Lemaire. Comme nous n'avions pas les moyens de se payer des équipements très modernes, il fallait faire plus avec moins. Nous avons décidé de garder cet avantage concurrentiel durant notre croissance."

L'an dernier, la société inscrite à la Bourse de Toronto a consommé 18,7 mètres cubes d'eau par tonne métrique de papier, soit trois fois moins que la moyenne de l'industrie. "Nous recyclons l'eau nécessaire à la fabrication du papier, explique le PDG de Cascades. Certains papiers recyclés se font sans eau, ce qui aurait été impensable il y a quelques années."

Malgré son statut de premier de classe, Cascades fait partie d'une industrie qui traîne une réputation de cancre en matière de développement durable.

Le secteur des pâtes et papiers se retrouve continuellement au banc des accusés. Le PDG de Cascades en a assez. "Nous pourrions faire un bon débat là-dessus, dit Alain Lemaire. Les papetières ont montré patte blanche, contrairement à bien d'autres industries. Les gens pensent que les papetières polluent beaucoup à cause de la belle fumée blanche qui sort de nos usines. Une bonne partie de cette fumée n'est que de la vapeur d'eau qui reste dans l'air. Les papetières ne sont pas les plus grands pollueurs au monde. Si c'était le cas, mes frères et moi n'aurions jamais été dans ce genre de créneau."

"Nous utilisons des matières premières qui sont renouvelables, continue M. Lemaire. Un arbre, ça repousse! Si nous ne les coupons pas, ils vont mourir. L'important, c'est la culture de conservation de la forêt. La Finlande et la Suède sont des pays très écologiques. Et pourtant, ils coupent des arbres à tous les jours."

Selon le PDG de Cascades, son secteur paie encore le prix pour ses erreurs passées.

"Nous utilisions moins bien la forêt, dit-il. Aujourd'hui, nous sommes plus efficaces. Nous utilisons maintenant 100% des arbres coupés. En plus du bois de pulpe, nous faisons du bois de sciage. Les résidus sont aussi convertis en papier."

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