Le marché de l'emploi s'est détérioré en juillet aux Etats-Unis, confirmant le ralentissement de la croissance qui devrait inciter la banque centrale au statu quo sur ses taux directeurs.

Le marché de l'emploi s'est détérioré en juillet aux Etats-Unis, confirmant le ralentissement de la croissance qui devrait inciter la banque centrale au statu quo sur ses taux directeurs.

L'économie a créé 113.000 emplois seulement en juillet après 124.000 en juin et le chômage s'est aggravé à 4,8% contre 4,6% le mois précédent, a indiqué le ministère du Travail.

C'est une double déception pour les analystes qui tablaient sur 145.000 nouveaux postes et un taux de chômage stable.

"Le rapport sur l'emploi de juillet, qui donne les premières informations solides sur le troisième trimestre, confirme le ralentissement de la croissance que nous avons vu au deuxième trimestre", souligne Nigel Gault de Global Insight.

"La grosse surprise vient de la hausse du chômage. La croissance devrait tourner autour de 3%, soit en dessous du potentiel, au troisième trimestre", ajoute l'analyste.

Pour la première fois depuis novembre dernier, le chômage a augmenté aux Etats-Unis. Et le rapport révèle une tendance de fond au ralentissement des embauches nettes (112.000 seulement au deuxième trimestre en moyenne).

"Plus qu'une grosse faiblesse dans un secteur, la morosité de l'emploi au deuxième trimestre s'explique par un manque d'embauches généralisé", estime Stephen Gallagher de la Société Générale.

En juillet ainsi, le commerce de détail a gardé ses effectifs stables. Il faut remonter à mars pour retrouver des créations d'emplois dans le secteur, un mauvais signe pour la croissance là aussi car les dépenses de consommation sont le principal moteur de l'expansion américaine.

Le tertiaire est le secteur qui a le plus créé d'emplois en juillet (115.000), surtout dans les services aux professionnels (43.000) et le secteur des loisirs (42.000). L'industrie a supprimé 15.000 emplois en juillet et le bâtiment en a créé 6.000.

Pour la Réserve fédérale (Fed) ce rapport a le mérite de rendre les choses claires. Une écrasante majorité d'analystes prédit désormais qu'elle gardera ses taux inchangés lors de sa prochaine réunion, mardi.

Son principal taux directeur est fixé à 5,25% et jusqu'à présent les analystes étaient partagés sur l'opportunité d'un nouveau relèvement, tant les risques pour la croissance et l'inflation semblaient partagés.

Le rapport sur l'emploi contient certes des nouvelles inquiétantes pour l'inflation, puisque les salaires ont plus augmenté que prévu (+0,4% sur un mois et +3,8% sur un an).

Mais, outre que le président de la Fed Ben Bernanke a récemment dit être peu inquiet d'un effet de second tour via les salaires, la hausse du chômage joue contre l'inflation.

"Les entreprises auront moins à augmenter les salaires pour retenir les salariés", résume John Lonski de Moody's Investors Service.

Pour l'économiste, "le principal taux de la Fed va rester à 5,25% et à moins que le taux de chômage ne baisse vers 4,5%, elle ne les relèvera pas".

Ce qui ouvre de nouvelles possibilités. Si la faiblesse de l'économie persiste, et si le chômage passe au dessus de 5% de la population active, la banque centrale pourrait réfléchir à une baisse de ses taux d'intérêt d'ici quelques mois.

"Le rapport sur l'emploi soulève la possibilité que la prochaine modification des taux de la Fed sera une baisse, et non une hausse, en fin d'année ou en début d'année prochaine. Rien n'est sûr, mais les surcapacités inattendues du marché du travail rendent cela possible", selon M. Lonski.

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