Le magnat des médias Rupert Murdoch et son groupe News Corp. (NWS) ont enfin obtenu mardi soir l'aval de la famille actionnaire Bancroft pour racheter le groupe Dow Jones (DJ) pour 5 milliards $ US.

Le magnat des médias Rupert Murdoch et son groupe News Corp. [[|ticker sym='NWS'|]] ont enfin obtenu mardi soir l'aval de la famille actionnaire Bancroft pour racheter le groupe Dow Jones [[|ticker sym='DJ'|]] pour 5 milliards $ US.

Les conseils d'administration respectifs de Dow Jones et News Corp. ont approuvé chacun de leur côté mardi soir le projet de rachat, a annoncé le Wall Street Journal en ligne, propriété du groupe Dow Jones.

Ce dénouement survient après trois mois de débats qui ont profondément divisé les Bancroft qui contrôlent Dow Jones et le Wall Street Journal depuis plus d'un siècle.

Une partie de la famille s'opposait à l'accord au nom des menaces qui pesaient sur l'intégrité des publications de Dow Jones si elles devaient être rachetées par un groupe d'information généraliste et de divertissement.

Les plus réfractaires ont campé sur leurs positions jusqu'au bout mais mardi, une branche de la famille représentant 9,1% des droits de vote a changé de camp, finalement convaincue de l'opportunité de l'offre de Murdoch.

Cette branche basée à Denver (Colorado) a fait basculer la balance du côté du minimum des 30% d'actionnaires de la famille prêts à soutenir l'offre de Murdoch.

La famille Bancroft détient dans son ensemble 64% des droits de vote de Dow Jones et 24% des actions. Mais seuls 30% de droits de vote favorables chez les Bancroft suffisaient au magnat de la presse pour réussir, sachant que le reste des actionnaires est plutôt favorable.

Au-delà des débats passionnés sur l'indépendance éditoriale de Dow Jones et du Wall Street Journal, l'argument financier aura primé.

La branche de Denver faisait en effet partie des quelques membres de la famille et des conseillers financiers qui souhaitaient que Murdoch relève son offre.

Mais ce dernier a refusé à plusieurs reprises de faire monter les enchères, alors que sa proposition de 60 dollars par action représentait déjà une prime de plus de 65% sur le cours de Bourse de Dow Jones avant l'annonce de l'offre, début mai.

Face aux débats s'éternisant chez les Bancroft, Murdoch a menacé de jeter l'éponge lundi soir.

Mais il a bénéficié d'un élément apparemment décisif, qui s'est doublé d'un nouvel argument de négociation mardi: la prise en charge par News Corp., en cas de rachat de Dow Jones, des quelques 30 M$ de frais d'avocats et de conseils de la famille Bancroft sur le dossier.

Pour News Corp. surtout présent dans la presse écrite au Royaume Uni et en Australie, l'opération va permettre de se déployer aux États-Unis, où il possède déjà le quotidien New York Post.

News Corp., un groupe façonné par la personnalité de Murdoch --acquisitions à l'instinct, pas toujours réussies, comme pour Direct TV--, détient aujourd'hui le tabloïd britannique The Sun, la chaîne de télévision Fox News ou encore les studios de 20th Century Fox et le site de socialisation MySpace.

Rupert Murdoch, 76 ans, n'a pas été très loquace jusqu'ici sur ses projets précis pour les actifs de Dow Jones, mais il a fait savoir dans les grandes lignes qu'il compte développer l'information en ligne, doper les recettes publicitaires du Wall Street Journal, et profiter de la présence internationale de News Corp. pour accroître la présence du «Journal» en Europe et en Asie, pour mieux rivaliser avec le Financial Times.

Aux États-Unis, Murdoch aurait également l'ambition de développer des informations politiques et générales pour le Wall Street Journal, afin que le quotidien rivalise plus directement avec de grands quotidiens comme le New York Times.