Quelques milliardaires ont exprimé cette semaine leur intérêt pour le groupe Dow Jones, éditeur du Wall Street Journal, mais pour l'instant aucun rival confirmé du magnat Rupert Murdoch n'émerge, alors que la famille propriétaire s'organise en vue d'une vente.

Quelques milliardaires ont exprimé cette semaine leur intérêt pour le groupe Dow Jones, éditeur du Wall Street Journal, mais pour l'instant aucun rival confirmé du magnat Rupert Murdoch n'émerge, alors que la famille propriétaire s'organise en vue d'une vente.

Depuis que les Bancroft, qui contrôlent Dow Jones, ont accepté la semaine dernière le principe d'une cession, trois milliardaires se sont dits prêts à participer à une offre de rachat du groupe, pour lequel M. Murdoch propose 5 G$ US.

Le premier à se manifester a été le magnat de la distribution Ron Burkle, patron du fonds Yucaipa, qui a répondu mardi à un appel du syndicat des salariés de Dow Jones, l'IAPE (Independent Association of Publishers' Employees).

Ron Burkle aime la presse: il a essayé il y a quelque mois, sans succès, de racheter le groupe Tribune, qui édite le Los Angeles Times et le Chicago Tribune.

En alliance avec le roi de l'immobilier Eli Broad, il avait proposé quelque 8 G$ US, mais c'est finalement un autre milliardaire de l'immobilier, Sam Zell, qui a racheté Tribune.

L'IAPE, qui représente plus de 2000 salariés de Dow Jones et du Wall Street Journal, a en effet commencé le 4 juin à contacter des financiers pour trouver des alternatives.

Le syndicat est farouchement opposé à une vente à M. Murdoch, qu'ils accusent de vouloir influencer la ligne éditoriale du WSJ.

De son propre chef, un autre milliardaire, Brian Tierney, PDG du groupe Philadelphia Media Holdings, propriétaire du quotidien régional Philadelphia Inquirer, a annoncé jeudi dans les colonnes de son journal qu'il voulait participer, avec d'autres, à une offre sur Dow Jones.

«S'il y avait un processus d'offre formalisé, nous aurions l'intention de participer», a dit M. Tierney, qui a racheté le Philadelphia Inquirer et le Philadelphia Daily News pour 562 M$ US il y a un an. Il a affirmé avoir déjà discuté d'une offre potentielle avec des représentants de Dow Jones.

Il a aussi estimé que le prix proposé par Murdoch n'était pas excessif. «Vous parlez d'une des plus grandes marques du monde», a-t-il dit.

Depuis son rachat de l'Inquirer, il y a réduit de 17% le nombre de journalistes, selon la presse américaine.

Un milliardaire du Web

Par ailleurs, un «milliardaire du Web» s'est lui aussi mis sur les rangs, a indiqué Steven Yount, le président de l'IAPE, sans toutefois le nommer.

Jusqu'ici, l'IAPE ne voit pas dans ces offres le chevalier blanc espéré. «J'ai toujours pensé que certains se manifesteraient, mais tous ne voudront pas travailler avec nous», a-t-il dit.

M. Tierney s'est «avancé de son propre chef, je ne le connais pas, j'ignore s'il est sérieux et combien d'argent il a», a-t-il lancé. Du mystérieux «entrepreneur du secteur Internet», il a juste dit qu'il «avait de l'argent à investir».

Et il a indiqué n'avoir «pas encore eu» de nouvelles de Warren Buffett, un autre milliardaire actionnaire du Washington Post, sur lequel il misait beaucoup.

Entre-temps, la famille Bancroft veut assurer de meilleures indemnités aux dirigeants de son groupe s'ils étaient licenciés à la suite d'une vente.

Dans un avis à la SEC, le régulateur boursier, le groupe a annoncé qu'il améliorait les indemnités de 25 hauts dirigeants et 135 cadres s'ils étaient contraints de quitter le groupe dans les deux ans après une vente.

Notamment le PDG de Dow Jones, Richard Zannino, toucherait 19,5 M$ US.

Certains analystes y voient une préparation à une vente prochaine à M. Murdoch, le seul à avoir déposé une offre ferme.

Après des semaines de refus, la famille Bancroft avait finalement accepté la semaine dernière de rencontrer M. Murdoch, tout en réclamant des garanties sur le maintien de l'indépendance éditoriale du Wall Street Journal.