Quel est le point commun entre les trois derniers secrétaires américains au Trésor, l'ex-secrétaire d'État Madeleine Albright et l'ancien premier ministre espagnol Jose Maria Aznar?

Quel est le point commun entre les trois derniers secrétaires américains au Trésor, l'ex-secrétaire d'État Madeleine Albright et l'ancien premier ministre espagnol Jose Maria Aznar?

Tous ont été recrutés par de puissants fonds d'investissement privés depuis leur départ du gouvernement, quand ils n'ont pas, comme Mme Albright, ouvert leur propre fonds: Albright Capital Management.

Les fonds d'investissement ont fait les gros titres de la presse ces derniers mois, avec les transactions spectaculaires menées par des groupes comme Blackstone et Carlyle.

Mais les hedge funds, fonds spéculatifs très opaques, suscitent des inquiétudes grandissantes qui font planer la menace d'un durcissement de la législation, très minimale, qui réglemente leur activité.

Dans cette optique, recruter un ancien ministre au carnet d'adresses bien rempli a des avantages indéniables pour les fonds d'investissement.

Au delà de leurs contacts, c'est d'abord pour leurs capacités intellectuelles que les anciens dirigeants sont embauchés -- ainsi que la brillante carrière dans le privé qui a bien souvent précédé leur passage au gouvernement, affirme un responsable du secteur sous couvert de l'anonymat.

Les trois derniers secrétaires américains au Trésor ont tous été recrutés par des fonds d'investissement: John Snow chez Cerberus Capital Management (où il a rejoint l'ancien vice-président Dan Quayle), Lawrence Summers chez D.E. Shaw, et Paul O'Neill chez Blackstone en tant que conseiller.

Blackstone a d'ailleurs annoncé la semaine dernière qu'il avait recruté l'ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney comme administrateur.

Les hedge funds sont des fonds spécialisés dans les placements à très haut risque et rentables à court terme, et les inquiétudes grandissent sur les risques d'une crise généralisée en cas de défaillance de l'un ou plusieurs d'entre eux.

Mais les efforts de réglementation internationale, emmenés par l'Allemagne, se heurtent à l'hostilité farouche des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Le G8 a répété jeudi le besoin d'être «vigilant» face à leur montée en puissance mais sans faire d'avancée sur la question de leur encadrement.

Le recrutement d'anciens responsables gouvernementaux existe aussi en Europe. Centaurus Capital, basé à Londres, a indiqué la semaine dernière qu'il avait embauché l'ancien premier ministre espagnol Jose Maria Aznar et l'ex-ministre britannique des Finances Kenneth Clarke.

«Ce genre de personnes peuvent nous apporter un plus avec leur vue d'ensemble», a assuré le PDG de Centaurus Bernard Oppetit.

«Ils nous permettent de comprendre comment les choses fonctionnent dans, et entre, leurs propres pays. Il y a actuellement des choses très importantes en cours comme les négociations commerciales de l'OMC ou le changement climatique», a-t-il ajouté.

Les anciens ministres apportent aussi le prestige de leur nom et leur présence peut s'avérer décisive dans les contrats internationaux.

Mais si la course aux anciens ministres s'est intensifiée récemment, la connexion entre gouvernement et fonds d'investissement n'est pas une nouveauté.

L'ancien président George Bush père et l'ex-premier ministre britannique John Major ont tout deux travaillé pour le fonds Carlyle.