L'industrie du vêtement du Canada a perdu près de la moitié de sa taille en cinq ans, mais Montréal demeure, malgré tout, sa capitale incontestée. Pour survivre, l'industrie à dû s'adapter et évoluer.

L'industrie du vêtement du Canada a perdu près de la moitié de sa taille en cinq ans, mais Montréal demeure, malgré tout, sa capitale incontestée. Pour survivre, l'industrie à dû s'adapter et évoluer.

Pour rester incontournable, Montréal doit relever de nombreux défis.

La nouvelle vigueur du huard canadien vient encore de favoriser davantage les importateurs et la fabrication à l'étranger à moindres coûts, souligne à La Presse Affaires le directeur général de la Fédération canadienne du vêtement, Bob Kirke.

L'Asie fait pourtant déjà un malheur dans les magasins de vêtements. Et malgré de longs délais de livraison, la majorité des clients veulent de la mode renouvelée à chaque saison, explique François Lapierre, vice-président à l'importation du Groupe Claudel Lingerie.

«L'industrie emploie 60 000 personnes au Canada, dont un peu plus de la moitié au Québec», précise Bob Kirke.

Les effectifs du vêtement à Montréal atteignent même 40 000 emplois, si on inclut les équipes de vente, selon le bulletin électronique de la chambre de commerce du Montréal métropolitain et Agar Grinberg, directrice générale de Vêtement Québec, un regroupement de 200 entreprises réalisant 80% des livraisons au Québec.

Il y a cinq ans cependant, l'industrie canadienne du vêtement dénombrait 100 000 employés, souligne Bob Kirke.

Le directeur de la Fédération canadienne compte par ailleurs 3000 entreprises au pays dans le vêtement, dont 50% à 55% au Québec.

Pourtant, presque tous les vêtements en magasin proviennent aujourd'hui d'Asie, pourraient croire des mordus de la mode et du shopping pour leur famille. Les apparences sont parfois trompeuses.

Les 3000 entreprises canadiennes dans le vêtement comprennent des manufactures et des importateurs et, malgré une chute de 40% des employés en seulement cinq ans, l'industrie de la mode reste bien vivante à Montréal.

Les compagnies d'ici exportent aux États-Unis et même ailleurs dans plusieurs pays du monde.

Le secteur vit, par contre, une transformation profonde, déclare Bob Kirke. Les entreprises fabriquent toujours des vêtements à Montréal, mais elles en conçoivent combien d'autres qui sortiront plutôt des usines de la Chine et de ses voisins.

Souvent d'ailleurs les vêtements passent directement des usines asiatiques aux marchés des États-Unis, de l'Europe et de l'Australie, sans s'arrêter à Montréal et au Canada, dit-il. Faut-il parler des vêtements de «MontréAsie»?

Claudel Lingerie, essentiellement un fabricant jusqu'à l'an dernier, s'est métamorphosée en entreprise de design et d'importations à part entière. Par contre, Kanuk reste un fabricant spécialisé qui ne déroge pas à son modèle d'affaires.

Vêtements Peerless, la plus grande entreprise de l'industrie canadienne avec 2500 employés à son usine de Montréal, fabrique la moitié de ses vêtements pour hommes en Chine et vend directement aux États-Unis, note Bob Kirke.

Dans ce contexte, les statistiques du secteur deviennent très difficiles à établir et même Ottawa et Québec ne s'entendent pas sur elles, déclare Bob Kirke.

Si l'industrie de Montréal a vu chuter le nombre de ses travailleurs en usine, elle emploie par contre davantage de gestionnaires, de designers, de spécialistes en marketing. «Pour survivre, plusieurs fabricants sont devenus des compagnies de marketing, de design et de distribution», explique Bob Kirke.

C'est ainsi que la masse salariale dans le vêtement est restée pratiquement la même qu'en 2002. Par contre, avec la fabrication à l'étranger, la valeur des exportations canadiennes a reculé de trois milliards à deux milliards en cinq ans, un écart de 33%. Tout ça pendant que la valeur du huard canadien grimpait de 0,54$US à 0,94$US, souligne Bob Kirke. Ça devient complexe de faire des statistiques.

L'avenir est aux vêtements de qualité qu'on pourra vendre n'importe où dans le monde, estime Bob Kirke.