Le syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM) a déposé un grief, lundi, pour empêcher que des textes de ses journalistes soient publiés dans le Journal de Québec, en lock-out depuis dimanche.

Le syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM) a déposé un grief, lundi, pour empêcher que des textes de ses journalistes soient publiés dans le Journal de Québec, en lock-out depuis dimanche.

Le STIJM est solidaire de ses collègues de Québec, en conflit de travail avec leur employeur, Quebecor. «Nous sommes en lien très étroit», a dit la présidente Chantal Léveillé.

Dimanche matin, Quebecor a décrété un lock-out touchant les syndicats de la rédaction et du personnel du bureau. En après-midi, les pressiers - représentés par un autre syndicat - décidaient à 97 % de déclencher une grève, par solidarité.

La direction du Journal de Québec a promis de maintenir la qualité du quotidien. Des articles seront signés par une équipe de cadres. D'autres proviendront des agences de presse et du Journal de Montréal, a expliqué le porte-parole de Quebecor, Luc Lavoie.

Mais le STIJM entend bloquer l'échange de textes. Il a déposé un grief, hier, faisant valoir la clause qui stipule que «l'employeur ne peut demander ni ordonner à un salarié du groupe rédaction d'effectuer du travail qui sera acheminé en tout ou en partie à une entreprise de Quebecor où un salarié exerçant la même fonction est en grève ou en lock-out», cite Mme Léveillé.

Quant aux chroniqueurs comme Lise Payette, Joseph Facal et Richard Martineau, «ils doivent prendre une décision individuelle», explique Mme Léveillé. «Leurs contrats sont individuels.»

M. Facal et M. Martineau n'ont pas voulu se prononcer. Ils tous deux expliqué à La Presse qu'ils envoyaient leurs textes par courriel et qu'ils n'étaient pas au courant des enjeux du conflit de travail.

Jointe en soirée, Lise Payette a également dit ne pas avoir d'opinion. «Je n'ai pas pris de décision.»

Joseph Facal doit faire parvenir sa chronique aujourd'hui, en vue d'une publication demain. Lise Payette a une journée de plus pour réfléchir. «Cela dit, je n'ai jamais franchi une ligne de piquetage de ma vie», a signalé Mme Payette au quotidien Le Soleil.

De son côté, Sheila Copps - qui signe aussi des chroniques dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec - a dit qu'elle ne peut remettre en question son contrat.

Lundi, la direction d'Ameublements Tanguay - un important annonceur du Journal de Québec - réfléchissait aussi pour décider d'arrêter ou non d'acheter de l'espace publicitaire durant le conflit de travail. «

Nous n'avons pas pris de décision. C'est une situation qu'on regarde de très près», a indiqué le vice-président et directeur général, Jacques Tanguay.

«C'est un média dont on se sert pour annoncer. Mais c'est un média controversé, a-t-il expliqué à La Presse. Le but de la publicité, c'est la notoriété. On préfère s'éloigner de la controverse.»

Un lock-out " planifié "

Au Journal de Québec, la convention est échue depuis la fin de 2006. " Nous avons déposé une offre globale en décembre 2006. En février 2007, l'offre a été rejetée ", explique Luc Lavoie.

Quebecor a décrété un lock-out car la contre-offre des deux syndicats visés tardait à venir. " Ces choses-là doivent se régler dans des délais raisonnables ", dit le porte-parole.

Le lock-out est " un coup de force planifié depuis six mois ", dénonce Denis Bolduc, porte-parole des trois syndicats en conflit de travail.

Quebecor veut que la semaine de travail passe de quatre à cinq jours. Elle souhaite aussi que les employés collaborent davantage à l'internet. " On leur demande de s'adapter à la réalité moderne ", signale Luc Lavoie.

Selon M. Bolduc, " Quebecor veut construire une autoroute à 10 voies entre ses différents médias ". Il déplore aussi la fermeture du département informatique et la centralisation du service des petites annonces à Kanata, près d'Ottawa. " Les employés ont des primes de départ de 78 semaines. C'est très généreux ", répond M. Lavoie.