Le procès au criminel de Conrad Black qui débute ce mercredi à Chicago augure d'une attention médiatique rare.

Le procès au criminel de Conrad Black qui débute ce mercredi à Chicago augure d'une attention médiatique rare.

Au Canada surtout. Mais aussi en Grande-Bretagne, où M. Black s'était hissé dans la haute-société londonienne après son achat du Daily Telegraph, et son entrée à la Chambre des Lords.

Aux États-Unis, outre les médias de Chicago, où Hollinger International était basée, l'intérêt pour ce procès demeure concentré dans le milieu d'affaires.

Car pour le moment, les accusations contre M. Black découlent surtout des règles de direction d'entreprises cotées en Bourse.

En termes financiers, l'impact demeure très inférieur aux énormes fraudes comme celles d'Enron, de WorldCom ou de Tyco, qui ont éradiqué des milliards de dollars en placements boursiers.

N'empêche, parmi les intervenants les plus importants au prochain procès de Conrad Black, il faut noter:

AMY J. STEVE: juge de la Cour fédérale du District nord de l'Illinois.

À 41 ans, l'une des plus jeunes juges fédérales aux États-Unis. Réputée pour ses procès disciplinés, dont ceux récents d'Américains accusés de collaboration terroriste.

Elle s'était démarquée comme jeune avocate il y a dix ans lors de l'enquête fédérale de l'affaire Whitewater, sur des transactions immobilières en Arkansas par des associés de l'ex-président Clinton.

PATRICK FITZGERALD: le directeur du bureau du procureur fédéral à Chicago, qui mène l'enquête et les accusations contre C. Black.

À 46 ans, il dirige une équipe réputée très dynamique et tenace.

Connu pour ses ruses en droit criminel, qui ont permis des condamnations de haut niveau.

Il vient de faire condamner pour parjure et entrave à la justice Lewis (Scooter) Libby, ex-chef de cabinet du vice-président Dick Cheney, à la Maison Blanche.

Ça découlait de l'identification illégale d'une agente de la CIA, dont le conjoint est un diplomate américain qui avait critiqué l'administration Bush dans les médias.

EDWARD GENSON et EDDIE GREENSPAN: les principaux avocats (américain et canadien) de C. Black.

Dans la soixantaine, réputés parmi les meilleurs avocats criminalistes dans leur pays respectif, surtout lors de procès devant jurés.

Avec C. Black, l'un de leurs défis devant les 12 jurés –des gens ordinaires de Chicago- sera de minimiser son image d'homme d'affaires élitiste. Aussi, le forcer à simplifier son vocabulaire oral, parfois très intellectuel.

Quant aux témoins les plus attendus, on note:

DAVID RADLER: l'ex-associé d'affaires principal et de longue date de C. Black.

Âgé de 64 ans, il a décidé de collaborer avec les enquêteurs américains, en échange d'une peine réduite à 29 mois de prison pour son plaidoyer de culpabilité de fraude.

RICHARD BREEDEN: ex-président de la SEC (Commission des valeurs mobilières des États-Unis).

Son enquête interne chez Hollinger avait conclu en août 2004 à un [régime de cleptomanie] mené par C. Black et ses associés.

BARBARA AMIEL: épouse de C. Black depuis 1992, journaliste-columnist et ex-membre du conseil de Hollinger.

Elle pourrait être appelée à témoigner sur l'approbation de la rémunération de son conjoint et ses associés.

Aussi, le procureur américain pourrait utiliser en cour des exemples du train de vie luxueux du couple Black-Amiel, comme motifs des détournements de fonds reprochés à C. Black.

LEONARD ASPER: chef de la direction de CanWest Global, la plus grosse entreprise de médias au Canada.

CanWest a versé 80 M$ en paiements de non-concurrence à C. Black et trois associés lors de l'achat des journaux canadiens de Hollinger en novembre 2000. Ces paiements sont la base des détournements de fonds reprochés à C. Black.

LAURA JERESKI: ex-journaliste du quotidien d'affaires Wall Street Journal qui est devenu analyste chez la firme d'investissement Tweedy Browne, de New York.

Cette firme a lancé en 2001 la grogne d'actionnaires de Hollinger International contre C. Black en s'adressant aux autorités.

MARIE-JOSÉE KRAVIS: économiste internationale d'origine montréalaise (née Drouin) et membre du conseil de Hollinger International jusqu'en 2003.

Elle pourrait être appelée à témoigner sur l'approbation de la rémunération de C. Black et ses associés.

Elle est l'épouse du financier new-yorkais Henry Kravis, aussi grand philanthrope culturel et médical.

À Montréal, Mme Kravis-Drouin est aussi connue comme l'ex-épouse de Charles Dutoit, alors qu'il dirigeait l'Orchestre symphonique.

RICHARD PERLE: ex-conseiller du Secrétaire de la défense des États-Unis, au début de l'administration de G.W.Bush, et HENRY KISSINGER, ex-Secrétaire d'État sous le président Nixon.

Les deux furent membres du conseil de Hollinger International. Pourraient être appelés à témoigner sur l'approbation de la rémunération de C. Black et ses associés.