On peut penser que les cours boursiers reculeront aux États-Unis si les profits des entreprises baissent parce que les consommateurs américains dépensent moins.

On peut penser que les cours boursiers reculeront aux États-Unis si les profits des entreprises baissent parce que les consommateurs américains dépensent moins.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

Si l'incertitude se propage à l'ensemble du globe, des investisseurs américains rapatrieront à Wall Street une partie de leurs billes placées à l'étranger. Et cela pourrait faire en sorte que la plus grande puissance boursière au monde soit moins ébranlée.

«En fin de compte, les Bourses américaines ne feront peut-être pas des étincelles cette année, mais elles risquent de moins reculer que les marchés européens», pense Jean-René Adam.

Dans ce cas, quelle stratégie les investisseurs doivent-ils adopter?

L'analyste, marchés nord-américains, pour Hexavest prêche la prudence. À ceux qui veulent miser sur les États-Unis, il propose de se tourner vers des titres défensifs appartenant aux secteurs de la consommation courante et des sociétés pharmaceutiques.

La raison est simple: ce sont ceux qui sont le moins touchés par la conjoncture économique.

Cela est d'autant plus important que les observateurs se demandent si les États-Unis se dirigent vers un ralentissement ou une récession. Il faut donc se concentrer sur les entreprises qui auront la cote.

Pour expliquer sa vision des Bourses américaines, M. Adam passe par l'immobilier. À son avis, la faiblesse de ce marché se traduira par une baisse de la consommation.

«En refinançant leurs maisons, les Américains ont profité d'un effet de richesse qui leur a permis de dépenser même si leur niveau d'épargne est négatif», constate l'analyste.

Mais, à la lumière des derniers chiffres, la situation a changé.

Les permis de construction ont baissé de 28 %, à 1,568 million, au cours des douze derniers mois, de janvier 2006 à 2007.

Pour la même période, les mises en chantier ont plongé de 37 %, à 1,408 million.

Pendant ce temps, le stock des maisons unifamiliales invendues s'accumule. «Aujourd'hui, il faut en moyenne sept mois pour écouler l'inventaire, dit-il. Pour les condos c'est l'équivalent de neuf mois.»

Bref, le prix de vente des maisons unifamiliales qui augmentait de plus de 10 % annuellement depuis quatre ans baisse maintenant de 3 à 4 %.

«Dans ces conditions, il faut s'attendre à un ralentissement de la consommation», dit Jean-René Adam.

Au cours des derniers mois, l'impact n'a pas été trop brutal parce que les consommateurs ont bénéficié d'une baisse des prix de l'énergie pour nourrir leurs dépenses.

«À mon avis, toutes les sources possibles ont été utilisées pour dépenser, remarque l'analyste. Les Américains n'ont plus le choix d'abaisser leurs dépenses et de commencer à épargner.»

Du coup, les profits des entreprises risquent fort d'être touchés.

Pour le moment, les bénéfices affichent des niveaux records.

Leurs marges s'élèvent à 8,5 % pour les sociétés de l'indice américain S&P 500, par rapport à une moyenne historique de 6 %. Et le rendement sur l'avoir dépasse les 16 %, un niveau très élevé.

Ce faisant, le marché boursier s'échange à 16 fois les profits de 2007.

Toutefois, précise l'analyste, ce ratio augmente à 21 fois quand on ajuste la marge de profit et le rendement sur l'avoir à leur tendance à long terme.

«Comme la Bourse est un indicateur avancé, elle va bientôt s'ajuster à cette nouvelle donne», dit l'analyste.

Pour se protéger, M. Adam recommande le titre de la pharmaceutique Merck (MRK, New York).

Elle vient de lancer un nouveau vaccin pour prévenir le cancer du col de l'utérus. Plusieurs produits prometteurs sont aussi en développement (VIH, diabète, etc.).

Il mise aussi sur Procter & Gamble (PG, New York), le fabricant d'une foule de produits de consommation: Gillette, Folgers, Duracell, Crest, Tide, etc., dont 60 % des ventes se fait à l'extérieur des États-Unis.

Il s'intéresse aussi à Altria (MO, New York), propriétaire des cigarettes Malboro et de la bière Miller qui est en train de se délester de sa division Kraft. Le fabricant offre un dividende de 4 % et son titre ne s'échange qu'à 14 fois les profits de 2007.