Sauvée inextremis en septembre par un tribunal d'arbitrage, l'usine d'Olymel de Saint-Simon est encore menacée de fermeture.

Sauvée inextremis en septembre par un tribunal d'arbitrage, l'usine d'Olymel de Saint-Simon est encore menacée de fermeture.

Et cette fois, Olymel croit pouvoir mettre définitivement la clé sous la porte en fermant aussi l'abattoir qui l'alimente.

Olymel a annoncé lundi la fermeture des usines pour le 30 mars prochain.

Licenciements prévus: 153 à l'abattoir de Saint-Valérien et 406 à l'usine de découpe de Saint-Simon. Grand total : 560 pertes d'emplois.

Olymel affirme qu'elle n'a pas le choix de fermer ses installations.

«Notre entreprise doit poursuivre son processus de rationalisation dans le but de retrouver sa rentabilité. C'est la seule façon de faire face aux nouvelles réalités du marché comme l'appréciation du dollar canadien et la vive compétition sur le plan international », a affirmé le PDG d'Olymel, Réjean Nadeau.

Olymel avait déjà annoncé la fermeture de l'usine de découpe de Saint-Simon dans son plan de restructuration en janvier dernier. En septembre, le syndicat CSN de l'usine avait toutefois réussi à faire annuler la décision en justice.

Un arbitre avait interdit la fermeture, donnant raison au syndicat qui affirmait que la manoeuvre avait pour objet le transfert de la production dans les autres usines de découpe d'Olymel, allant ainsi à l'encontre de la convention collective. L'affaire est en révision judiciaire à la demande d'Olymel.

La décision de fermer l'abattoir de Saint-Valérien, elle, est nouvelle. Jean Lortie, président de la Fédération du commerce de la CSN, a refusé de commenter, expliquant que l'affaire est devant les tribunaux.

Il souligne toutefois qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle stratégie d'Olymel. Les porcs qui étaient abattus à Saint-Valérien prenaient presque tous le chemin de Saint-Simon où ils étaient désossés et découpés.

En s'assurant qu'aucun porc ne sorte de l'usine de Saint-Valérien, il sera maintenant difficile pour le syndicat de soutenir qu'ils se font désosser ailleurs.

« On pense que notre décision tient toujours, et on va se réunir pour voir si Olymel ne commet pas ainsi un outrage », a indiqué de son côté Richard Martin, président du syndicat d'Olymel de Saint-Simon.

Il souligne que la révision judiciaire actuellement en cours ne doit être entendue qu'au mois d'avril. « Ils n'attendent même pas la décision de la Cour Supérieure. Ils vont fermer avant! » s'est-il indigné.

Olymel a refusé de dire si elle comptait sur une stratégie semblable pour convaincre les tribunaux et invoque plutôt la crise qui sévit au Québec dans l'industrie porcine.

Olymel a essuyé des pertes de 100 millions entre 2003 et 2005, et prévoit terminer l'année en cours dans le rouge de 50 millions.

«La situation ne s'est pas améliorée, et le plan de restructuration doit évoluer selon la détérioration de la situation », a expliqué à La Presse Affaires Richard Vigneault, porte-parole d'Olymel.

L'entreprise a indiqué qu'elle prendra « toutes les mesures nécessaires pour diminuer l'impact de cette décision pour les employés ».

Faut-il s'attendre à un transfert de certains emplois de Saint-Simon et Saint-Valérien vers d'autres installations d'Olymel? « Cela dépend de la conjoncture, on est en pleine crise. Je ne peux donner aucune garantie à ce niveau », a répondu M. Vigneault.

Plus tôt cet automne, Olymel avait appelé à la rescousse l'ancien premier ministre Lucien Bouchard pour l'aider à faire face à la crise qui secoue actuellement le monde du cochon québécois.

Plusieurs tuiles sont tombées sur cette industrie dans les dernières années. La hausse du dollar a miné la rentabilité des entrepreneurs pendant que les maladies décimaient le cheptel.

L'ancien moratoire sur la production porcine a aussi empêché le développement des mégaporcheries comme celles des Américains, qui livrent une concurrence féroce sur les marchés d'exportation où aboutissent la majorité des porcs québécois.

Ces difficultés ont entraîné bien des tensions, et pas seulement entre Olymel et ses employés syndiqués.

Les éleveurs de porcs reprochent aux transformateurs de ne pas être assez concurrentiels, tandis que ces derniers accusent les producteurs de leur livrer des cochons trop petits. Même au sein des transformateurs, les intérêts divergent.

«C'est une démarche complexe, a avoué M. Vigneault, d'Olymel, commentant les négociations entamées par Lucien Bouchard. C'est en train d'évoluer et il y aura des rencontres cette semaine. »