Les profits des entreprises ont grimpé au ciel, encore une fois au troisième trimestre. Les investisseurs flottent sur un nuage. Presque partout dans monde, les indices boursiers ont grimpé à des sommets.

Les profits des entreprises ont grimpé au ciel, encore une fois au troisième trimestre. Les investisseurs flottent sur un nuage. Presque partout dans monde, les indices boursiers ont grimpé à des sommets.

Prudence! Pareille rentabilité n'est pas éternelle, estime Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale.

Aux États-Unis, où la plupart des entreprises ont déjà dévoilé leurs résultats, les profits sont en hausse de 17,4%. Cela est supérieur de 6,4% aux attentes des analystes. Que de bonnes surprises.

Au dernier trimestre, c'est dans le secteur des matériaux mines et métaux, produits de construction) où la croissance a été la plus vigoureuse (+46%), suivi par le secteur des sociétés financières (+36%) et par celui de l'énergie (+21%).

Mêmes les pires secteurs s'en tirent avec des progressions de profits raisonnables : 4% pour la consommation de base, 7% pour les soins de santé et 9% pour les technologies de l'information.

Au Canada, la saison des annonces est moins avancée, mais les résultats devraient être encore plus fantastiques puisque la Bourse canadienne est très concentrée dans le secteur des matériaux, de l'énergie et des financières.

Après trois ans de croissance des profits supérieure à 10%, les entreprises américaines sont plus rentables qu'elles ne l'ont jamais été en 50 ans. Leur marge bénéficiaire moyenne s'élève à près de 12%, deux fois plus qu'au début des années 2000. Mais combien de temps encore cela peut-il durer?

La question prend tout son sens quand on sait que l'économie américaine accumule les signes de ralentissement. Cette semaine, par exemple, l'indice manufacturier ISM pour octobre s'est fixé à 51. Mauvaise surprise! Lorsque l'indice tombe à 50, cela signale une contraction de l'économie.

N'empêche, les analystes financiers demeurent très positifs pour l'année prochaine : ils s'attendent à une croissance des profits de 10%, bien au-delà de moyenne historique qui se situe à 7,2%.

"Les entreprises vont-elle pouvoir livrer la marchandise? C'est douteux", pense M. Lapointe.

Néanmoins, le marché boursier s'attend à un atterrissage en douceur de l'économie. Mais c'est une manuvre bien délicate à réaliser, estime M. Lapointe qui voit le ciel s'assombrir.

À son avis, les risques que les États-Unis tombent carrément en récession s'élèvent à 40%.

Dans cette éventualité, c'est la demande mondiale pour les matières premières qui fondrait. La Bourse canadienne serait donc une des grandes perdantes.

La Financière Banque Nationale estime que l'indice S&P/ TSX de la Bourse de Toronto retombera à 10 500 d'ici 12 mois, soit 13% en dessous de son niveau actuel. La culbute serait un peu moins prononcée pour l'indice S&P500 des 500 plus grandes sociétés américaines qui pourrait tout de même se replier de 10%.

Un conseil : restez à l'abri. Préférez les secteurs défensifs comme la consommation de base, les soins de santé et des services publics, dont les produits continuent de se vendre beau temps, mauvais temps.

PIERRE LAPOINTE,

Stratège adjoint à la Financière Banque Nationale

"L'économie américaine montre des signes de ralentissement. Mais les attentes de profits sont encore très positives pour l'an prochain. Les entreprises vontelle pouvoir livrer la marchandise? C'est douteux. "

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