Après avoir fait sa marque dans l'aérospatiale, le Québec ambitionne maintenant de devenir une plaque tournante mondiale de la recherche et de l'innovation.

Après avoir fait sa marque dans l'aérospatiale, le Québec ambitionne maintenant de devenir une plaque tournante mondiale de la recherche et de l'innovation.

Plusieurs pourparlers sont en cours avec des entreprises étrangères en vue d'attirer ici des centres de recherche internationaux, a appris La Presse Affaires hier. "On en a une couple dans le collimateur", a confié Raymond Bachand, ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, pendant un entretien téléphonique.

Lundi, le gouvernement a dévoilé une vaste politique sur la recherche et l'innovation, qui prévoit des investissements de 888 millions de dollars d'argent frais au cours des trois prochaines années. Cela comprend une enveloppe spéciale de 35 millions, destinée à attirer ou retenir au Québec des centres de recherche et développement étrangers. Grâce à "l'effet de levier" de cette mesure, Québec espère générer des investissements totaux de 350 millions.

Le programme de 35 millions prendra notamment la forme de prêts, de prêts sans intérêts, de prêts à redevance et de quelques subventions. Selon M. Bachand, ces nouvelles munitions permettront au Québec de mieux affronter la forte concurrence que se livrent de nombreux pays et provinces pour séduire les entreprises étrangères de R&D.

"On est toujours en compétition avec Shanghai, avec les États-Unis et les autres; on se donne des outils pour les attirer chez nous plutôt qu'ailleurs", a-t-il souligné.

C'est Investissement Québec, en collaboration avec le ministère, qui est chargé d'attirer ces centres de recherche internationaux. Une nouvelle corde à l'arc de l'organisme public, a expliqué le ministre. "Je me rends compte que dans notre coffre à outils d'Investissement Québec, on a des programmes quand il s'agit d'investissements manufacturiers dans les entreprises, mais que ces programmes-là excluaient, dans le fond, les centres de recherche."

Les critères utilisés par Investissement Québec pour cibler des centres de R&D étrangers seront les mêmes que dans tous les autres secteurs, a souligné M. Bachand. "Il faut qu'il y ait un retour sur l'investissement, c'est assez clair."

Réactions positives

Depuis lundi, les fils de presse ont été inondés d'un nombre impressionnant de réactions positives à l'annonce du gouvernement. Universités, cégeps, entreprises, centres de recherche, municipalités, chambres de commerces: tous, ou presque, ont salué dans des communiqués les investissements qui étaient réclamés à grands cris depuis un certain temps déjà.

Il faut dire que la politique sur l'innovation ratisse large. Elle vise tant à renforcer la recherche publique qu'à appuyer l'innovation en entreprises. Elle comprend aussi de nouveaux crédits d'impôts et 900 bourses destinées aux étudiants, d'une valeur de 32 millions, en plus de nombreuses mesures pour appuyer la R&D dans les PME.

L'un des principaux objectifs de la politique est de s'assurer que les idées et inventions québécoises se rendent en plus grand nombre jusqu'à l'étape de la commercialisation.

"Pour le moment, je trouve que les grandes lignes de cette stratégie-là reflètent une bonne compréhension de notre domaine, ça démontre qu'ils ont écouté et qu'ils ont mis les fonds à la bonne place, a dit Martin Leblanc, coprésident de Montréal InVivo, grappe des sciences de la vie. La question, maintenant, c'est de s'assurer que ça se fasse, que ça se continue, et c'est très bien parti, je dirais."

À l'Université Mc Gill aussi, on s'est dit "positifs, optimistes et contents" à la suite de l'annonce. Il faudra toutefois être vigilants et s'assurer que l'argent sera bel et bien investi, a souligné Denis Thérien, vice-principal, recherche et relations internationales.

En additionnant les sommes annoncées au cours des derniers mois, c'est un total de 1,2 milliard que Québec ajoute pour financer la recherche et l'innovation.

Dans un communiqué, le porte-parole de l'opposition en matière d'innovation, Claude Cousineau, a qualifié d'"improvisation" la politique de Québec, affirmant entre autres que la moitié du 1,2 milliards provient d'une augmentation de la dette.