Les États-Unis, la France et l'Allemagne se précipitent pour adopter des règles touchant les fonds de placement gouvernementaux secrets des pays en développement.

Les États-Unis, la France et l'Allemagne se précipitent pour adopter des règles touchant les fonds de placement gouvernementaux secrets des pays en développement.

Les mesures envisagées font suite en partie à l'utilisation par Barclays Plc de l'argent chinois et de Singapour pour financer son offre de rachat d'ABN Amro Holding.

Étant donné qu'il n'y a pas d'organisme international tel que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour surveiller de tels investissements, des responsables aux États-Unis pressent le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale d'établir des règles. Entre-temps, l'Allemagne et la France souhaitent une réaction commune de la part des pays de l'Union européenne.

Ce que l'on appelle les fonds de patrimoine souverains, qui investissent des réserves de devises dans des actifs à l'étranger, contrôlent environ 2500 milliards US, soit davantage que tous les fonds spéculatifs ensemble dans le monde.

Les acteurs qui sont en faveur de règles ou de directives concernant la conduite de ces fonds soutiennent que l'adoption de telles règles ou initiatives seraient de nature à éviter une spirale de restrictions d'investissement adoptées en guise de représailles, spirale susceptible de nuire à l'économie mondiale.

«Tout ce que ça prend, c'est un fonds qui fait quelque chose de dingue et le risque de protectionnisme en représailles augmente alors», explique Edwin Truman, un ancien économiste du Trésor américain qui est maintenant attaché supérieur de recherches au Peterson Institute for International Economics, à Washington.

De son côté, la Chine soutient que les pays occidentaux n'ont rien à craindre de sa participation à titre d'investisseur dans leurs économies. «Les États-Unis et d'autres nations développées réagissent de manière excessive», estime Fang Ning, directeur adjoint de l'Institut de sociologie et de politique de Beijing, qui conseille le Conseil d'État chinois.

En réalité, dit M. Fang, «c'est la Chine qui devrait resserrer ses balises en matière de sécurité nationale dans le domaine des investissements étrangers directs», et non pas le contraire. «Les nations occidentales ne devraient pas tant s'en faire», ajoute-t-il.

Les nations développées doivent aussi faire attention de ne pas écarter une source de capital capable de fournir les liquidités dont leurs marchés ont besoin au moment où les actions baissent dans le monde à cause de craintes relatives à des coûts d'emprunt plus élevés. «Nous nous ferions grand tort à nous-mêmes si nous élevions des barrières devant ces fonds», avance Nariman Behravesh, économiste en chef de Global Insight, de Lexington, au Massachusetts.

Si les fonds d'investissement gouvernementaux existent depuis plus d'une décennie dans des pays tels que le Koweït et la Norvège, ils ont proliféré depuis et connu un essor ces dernières années au moment où les économies émergentes amassent des devises étrangères en quantité record grâce aux exportations de produits de base ou de biens de consommation. Selon Morgan Stanley, ces fonds disposeront de 12 000 milliards US d'ici 2015.

Des pays tels que la Chine et la Russie, qui se contentaient auparavant d'investir leurs réserves dans des titres à faible risque et à faible rendement, comme des bons du Trésor américain, sont désormais en quête de rendements plus juteux.

La Chine, qui a annoncé en mars dernier qu'elle allait mettre 200 milliards US de ses réserves de devises de 1200 milliards US dans des actifs plus risqués, a fait suivre cette annonce par l'achat d'une participation, au coût de 3 milliards US, dans Blackstone Group, une firme de capital de financement de New York. C'est Blackstone qui a conseillé la semaine dernière la Banque de développement de Chine d'investir jusqu'à 13,5 milliards US dans Barclays.