L'industrie de l'aluminium doit changer son attitude et commencer sérieusement à faire de la transformation au Québec.

L'industrie de l'aluminium doit changer son attitude et commencer sérieusement à faire de la transformation au Québec.

C'est l'appel qu'a lancé mardi l'ancien président d'Hydro-Québec, André Caillé, dans le cadre d'un déjeuner-conférence organisé par l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie (AQME).

En décembre dernier, le gouvernement québécois a annoncé qu'il accorderait un bloc d'énergie additionnel de 225 mégawatts au tarif L (industriel) à Alcan à partir de 2010 pour lui permettre de mette en oeuvre un ambitieux programme de développement de plus de deux milliards de dollars au Saguenay-Lac-Saint-Jean pour la production de métal primaire.

L'entreprise bénéficiera également de prêts sans intérêts de 400 millions et d'avantages fiscaux de 112 millions.

M. Caillé a affirmé que la production de métal primaire commençait à coûter cher.

«Tout le monde sera content le jour où une aluminerie québécoise demandera un bloc d'électricité pour transformer ici les lingots d'aluminium, a-t-il soutenu. Le jour où on fera ça, on aura une perception totalement différente des compagnies qui produisent de l'aluminium au Québec. Nous allons tous chanter en choeur leurs louanges.»

Il a affirmé que tant qu'à exporter des lingots d'aluminium fabriqués grâce à des tarifs d'électricité favorables, il serait plus simple pour le Québec d'exporter directement son électricité et d'empocher les bénéfices.

Au lieu de simplement prononcer une allocution devant l'AQME, M. Caillé a participé à une session de questions et réponses avec Jean-Marc Carpentier, l'auteur de l'essai L'énergie sans frontières, rédigé à partir d'entrevues avec M. Caillé.

L'ancien président d'Hydro-Québec a ainsi abordé divers sujets comme le marché mondial de l'énergie et les défis énergétiques du Québec.

Il a profité de l'occasion pour déplorer la prolifération des groupes de pression au Québec.

«Il est important que la démocratie s'exprime le jour des élections, pas entre les élections par des groupes de pression, a-t-il affirmé. Le jour où tout le monde va penser qu'il est plus important d'être membre d'un groupe de pression pour influencer les politiciens que d'aller voter le jour des élections, je ne suis pas sûr que nous serons bien avancés.»

Il a soutenu qu'il appartenait au parti au pouvoir de mettre en oeuvre le programme qui l'avait fait élire, sans «virer de bord» devant le premier groupe de pression venu.

M. Caillé, actuellement président du Conseil mondial de l'énergie, a tenu à préciser que cette opinion n'avait rien à voir avec le fait qu'il songeait à se lancer sur la scène politique.

«Je suis toujours en réflexion», s'est-il contenté de dire. Il a plutôt fait référence aux difficultés vécues par Hydro-Québec face à de tels groupes de pression, notamment dans le cadre des travaux de la Régie de l'énergie.

Selon l'ancien président d'Hydro-Québec, la Régie devrait demander aux personnes qui se présentent devant elle d'indiquer pour qui elles travaillent et de décliner leurs compétences. Cela permettrait de «recalibrer» le débat.