Il faut améliorer la transparence du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui fait actuellement l'objet d'une crise sans précédent au Canada, a estimé lundi la nouvelle surintendante des institutions financières, Julie Dickson.

Il faut améliorer la transparence du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui fait actuellement l'objet d'une crise sans précédent au Canada, a estimé lundi la nouvelle surintendante des institutions financières, Julie Dickson.

Dans une allocution prononcée dans le cadre de la Conférence nationale sur l'assurance, à Montréal, Mme Dickson a néanmoins défendu le travail de son bureau dans la débâcle actuelle et rejeté le fardeau sur les investisseurs.

«J'ai beaucoup d'empathie pour eux dans cette épreuve, mais la réalité, c'est que tout placement peut présenter des risques», a-t-elle déclaré en conférence de presse après son discours, en confiant avoir reçu des appels et des courriels d'investisseurs mécontents.

«Il était connu que ces instruments n'étaient cotés que par une seule agence de crédit (DBRS) et que toutes les autres agences s'abstenaient de les coter, en donnant l'explication de ce refus», a ajouté Julie Dickson, en poste depuis juillet.

Selon elle, le Canada est le seul pays au monde où les investisseurs ont acheté du PCAA qui n'était pas coté par au moins deux agences de crédit. «Je ne sais pas pourquoi cela s'est produit ici», a-t-elle commenté.

Le PCAA est un produit d'investissement dans lequel on regroupe généralement des hypothèques, des créances de carte de crédit et des prêts-auto. Dans la foulée de la crise hypothécaire américaine, les investisseurs ont pris peur face à ces produits structurés, de sorte que leurs promoteurs ont été incapables, en août, de trouver de nouveaux preneurs. Ces placements à court terme sont donc subitement devenus illiquides.

Le PCAA émis par des firmes non bancaires, notamment la torontoise Coventree, a été particulièrement mis à mal puisque ces petites sociétés n'avaient pas les ressources financières pour racheter les titres et rembourser leurs clients, qui en détiennent pour 35 G$. De plus, les banques étrangères qui garantissent les placements ont refusé de fournir du financement d'urgence, prétendant qu'il n'y avait pas de «désorganisation générale des marchés».

La surintendante a convenu que les règles encadrant le PCAA non bancaire étaient moins strictes au Canada qu'ailleurs dans le monde. Elle a toutefois affirmé que ce n'était pas le gouvernement, mais le marché lui-même, qui avait fixé ces règles. Il faut dire que le Bureau du surindendant des institutions financières (BSIF) ne s'occupe pas des petites firmes comme Coventree, ni des banques étrangères.

«Nous ne nous ingérons pas dans les affaires des intervenants non réglementés (comme Coventree). Nous n'exigeons pas des banques qu'elles fournissent des liquidités à certains intervenants», a martelé Mme Dickson, en réfutant les propos de ceux qui soutiennent que le BSIF aurait indirectement encouragé le marché à adopter des règles plus souples.

«Ils (les promoteurs de PCAA non bancaire) auraient évidemment pu opter pour des règles de style mondial», a-t-elle glissé.

Quand on lui a demandé si elle croyait que le gouvernement devrait resserrer l'encadrement du PCAA non bancaire, Julie Dickson s'est contentée de dire que «de plus en plus de gens se posaient la question». Elle a néanmoins plaidé en faveur d'une «meilleure transparence» des actifs qui sous-tendent le PCAA, en promettant d'en discuter avec les banques et des organismes réglementaires d'autres pays.

Mme Dickson a par ailleurs dit souhaiter que les marchés tireront des leçons de la tourmente actuelle, y compris du côté des assureurs.

Un comité dont fait partie la Caisse de dépôt et placement du Québec, plus grand détenteur de PCAA non bancaire au pays, cherche actuellement à dénouer la crise.