185 maisons. Une école. Une garderie, un HLM, une résidence pour personnes âgées et un bâtiment communautaire. Si le projet Canadian Malartic va de l'avant, tout ça devra déménager pour faire place à la mine.

185 maisons. Une école. Une garderie, un HLM, une résidence pour personnes âgées et un bâtiment communautaire. Si le projet Canadian Malartic va de l'avant, tout ça devra déménager pour faire place à la mine.

L'affaire, on s'en doute, suscite énormément de discussions à Malartic. D'un côté, il y a la manne que laisse espérer la mine. Osisko parle de 400 emplois pendant les deux ans de la construction, d'au moins 250 par la suite.

Le maire de Malartic laisse quant à lui entrevoir des retombées de 2,2 milliards sur 10 ans. Pour une ville frappée par la crise de l'industrie forestière, voilà qui est drôlement intéressant.

De l'autre côté, il y a déjà les foreuses dans les rues. La perspective de vivre bientôt en bordure d'un immense trou, avec le dynamitage, le bruit et la poussière que cela implique. Et le fameux déménagement, sans conteste la dimension la plus spectaculaire de ce projet.

Osisko a réservé un budget de 60 millions de dollars à la délocalisation, dont 12 millions seront dépensés dès cette année. Si le projet va de l'avant, l'entreprise construira un tout nouveau quartier au nord de la ville pour aménager les citoyens touchés.

Ceux-ci auront le choix: vendre leur maison à Osisko, ou la faire transporter dans le nouveau secteur aux frais de l'entreprise, en récoltant au passage un dédommagement de 5000$.

Pour l'instant, les nouveaux terrains sont couverts d'épinettes. Mais le quartier existe déjà sur les planches à dessin des firmes d'urbanismes engagées par Osisko, Genivor et Devamco.

«On a commencé au mois de juin à assigner les lots en tenant compte des critères que la population nous a soumis», explique Hélène Thibault, directrice des communications chez Osisko.

La principale préoccupation de ceux qui pourraient avoir à déménager? Connaître l'identité de leurs futurs voisins.

Un plan initial du quartier a déjà a été proposé aux résidants, et l'on recueille actuellement leurs commentaires afin d'y apporter des modifications.

Tout le processus de délocalisation se fait sous la surveillance d'un comité de consultation mis sur pied par Osisko, et qui comprend deux représentants de l'entreprise, deux élus municipaux et cinq résidants bénévoles.

Dès cet automne, une première rue construite dans le nouveau secteur quelques maisons seront déménagées. Le but: montrer aux autres quelle allure cela prendra et les inciter à faire le saut.

Tout cela ne se fait évidemment pas sans friction. «J'ai personnellement la forte impression qu'Osisko est de bonne foi là-dedans, dit tout de même Éric Robitaille, un citoyen du secteur touché et membre du comité de consultation. Il mentionne qu'Osisko utilise des foreuses électriques pour atténuer le boucan de sa prospection, et qu'elle offre des climatiseurs aux citoyens touchés pour qu'ils puissent fermer leurs fenêtres sans souffrir de la chaleur.

Selon lui, Osisko a parfois tenté de prendre quelques raccourcis en négociant directement avec certains citoyens sans en aviser le comité de consultation. Mais les citoyens ne sont pas sans taches.

«Certains voient les signes de dollars. Ils se disent avec 8,4 millions d'onces d'or, ils ont les poches pleine d'argent, on va essayer de leur en soutirer un peu.»

«Il n'y a personne qui peut dire qu'il a été mal reçu par Osisko», dit aussi le maire de Malartic, Fernand Carpentier, qui ne cache voir débarquer le nouveau projet avec beaucoup d'intérêt.

«On a déjà été 6800 à Malartic, on est à 3800, rappelle le maire. On a perdu six mines en 30 ans. Alors Osisko, c'est déjà un regain, même s'ils ne sont pas en production. Ils ont apporté un espoir. Malartic construit comme il n'a pas construit depuis 40 ans. Il devrait y avoir une dizaine de propriétés neuves, et on est rendu à 260 permis de rénovation. Ça veut dire que les gens ont confiance.»

D'autres sont moins enthousiastes. «On a toujours pas d'offre pour notre maison, alors on ne peut pas se faire une idée: est-ce qu'on vend ou est-ce qu'on déménage? On est pris entre deux feux. On voulait savoir quels sont nos droits en tant qu'expropriés. Et personne ne nous a informé de ça», dénonce la résidante Annette Trudel.