Exhorté au même titre que ses deux rivaux à éclairer les électeurs sur son programme économique, l'Action démocratique a refusé au Conseil du patronat du Québec des réponses écrites à ses questions.

Exhorté au même titre que ses deux rivaux à éclairer les électeurs sur son programme économique, l'Action démocratique a refusé au Conseil du patronat du Québec des réponses écrites à ses questions.

Le porte-parole de l'ADQ en matière économique et ex-président du lobby patronal, Gilles Taillon, s'est limité à débattre oralement avec les représentants du Parti libéral et du Parti québécois, vendredi matin.

M. Taillon a invoqué le manque de «moyens» de sa formation. «On ne reçoit pas beaucoup d'argent du milieu de la haute finance», a-t-il expliqué, précisant que l'ADQ n'avait pas de recherchiste pour rédiger les réponses.

Au début de la semaine, le Conseil du patronat avait dénoncé le silence des partis sur les enjeux économiques et leur avait adressé un questionnaire, tout en invitant leurs représentants à venir débattre de finances publiques et de fiscalité, entre autres.

Les libéraux et les péquistes ont fait parvenir des réponses écrites, mais l'ADQ s'est refusée à l'exercice en disant privilégier «un dialogue direct avec les citoyens électeurs».

«Pour cette raison, l'ADQ a adopté comme politique, pour la durée de la présente campagne, de ne pas compléter les questionnaires qui lui sont transmis», peut-on lire dans une lettre adressée au CPQ cette semaine.

Durant le débat de vendredi matin et à l'instar de Mario Dumont mardi soir, Gilles Taillon s'est tu sur le cadre financier du programme de son parti, qui doit être présenté au lendemain du budget fédéral de lundi.

Pour financer les promesses électorales de l'ADQ, chiffrées à 1,7 G$, M. Taillon a dit miser sur des transferts fédéraux et sur des «redressements» des dépenses, mais n'a pas précisé lesquelles.

Les impôts et la dette distinguent les partis

Le débat ciblé a par ailleurs permis aux trois grands partis de mettre en exergue leurs divergences quant aux impôts et à la gestion de la dette.

S'ils veulent tous s'attaquer à la taxe sur le capital des entreprises, c'est le PQ qui se fait le plus audacieux sur ce point, promettant d'abolir cette taxe «dans les deux années suivant l'élection».

Le PLQ se prépare à accélérer son plan initial d'allégement, qui prévoit une réduction de moitié de la taxe honnie d'ici 2009.

«Nous présenterons au cours de notre deuxième mandat un plan visant l'élimination complète de la taxe sur le capital», écrit-il sans toutefois fournir de nouvel échéancier. Le Conseil du patronat a d'ailleurs déploré cette «absence d'horizon clair» vendredi matin.

Quant à l'ADQ, Gilles Taillon indique que le parti ciblera la taxe sur le capital lorsqu'il chiffrera ses engagements électoraux, mardi prochain.

Les libéraux ont de nouveau promis des baisses d'impôt généralisées, alors que le PQ et l'ADQ ont ciblé leurs engagements.

Le Parti libéral, représenté au débat par le ministre Raymond Bachand, veut réduire à la fois les impôts des entreprises et des particuliers, et vise à ramener le fardeau de ces derniers au niveau de la moyenne canadienne.

«Nous avons d'ailleurs fait plus de la moitié du chemin au cours de notre premier mandat», soutiennent les libéraux dans leurs réponses écrites au CPQ. De 2,2 G$ en 2003, l'écart de la charge fiscale des Québécois par rapport à celle des autres Canadiens passera à 770 M$ en 2008, calculent-ils.

«Le contribuable québécois ne paie donc plus que 211 $ de plus en moyenne que les contribuables des autres provinces», écrit le Parti, critiqué pour n'avoir pas tenu son engagement électoral antérieur de réduire les impôts de 1 G$ par année.

Le Parti Québécois choisit pour sa part de ne réduire l'impôt des particuliers que si la croissance québécoise surpasse 2,5 %, et réserve aux entreprises ses engagements fiscaux fermes.

Il est «irresponsable» de promettre des baisses fiscales aux citoyens quelle que soit la performance économique de la province, dénonce le porte-parole François Legault. Dans les plans du PQ, la moitié des revenus d'une croissance satisfaisante irait aux baisses d'impôt des contribuables.

Quant à l'ADQ, elle s'engage à ne pas hausser les impôts des citoyens et à les indexer totalement au coût de la vie, «ce qui équivaut à une réduction», dit Gilles Taillon.

Le Fonds des générations mis en jeu

Le porte-parole péquiste François Legault s'est engagé à maintenir le Fonds des générations, mis en place par les libéraux pour rembourser la dette. Il a aussi répété qu'advenant une croissance économique supérieure à 2,5 %, la moitié des revenus issus de cette croissance iraient à la réduction de l'endettement québécois.

À l'opposé, l'ADQ a réitéré son intention d'abolir le fonds des générations au profit d'un remboursement direct.

Le Parti libéral s'en est tenu à la ligne directrice établie par Michel Audet, misant sur le fonds pour ramener la dette québécoise à 25 % de la taille de l'économie d'ici 2025.

«On est satisfaits du débat, les échanges ont été assez vifs et on a eu plusieurs réponses», s'est félicité le président du Conseil du patronat, Michel Kelly-Gagnon, qui se refuse à un verdict d'ensemble sur chacun des programmes.

Quant au refus de l'ADQ de répondre à son questionnaire, M. Kelly-Gagnon laisse les membres du conseil en juger.