Le prix du pétrole brut est en forte progression sur le marché international mais à Montréal, en pleine période des vacances, les prix à la pompe sont anormalement bas. Depuis trois semaines, les détaillants vendent l'essence au prix coûtant et même en deçà de ce qui leur en coûte pour s'approvisionner.

Le prix du pétrole brut est en forte progression sur le marché international mais à Montréal, en pleine période des vacances, les prix à la pompe sont anormalement bas. Depuis trois semaines, les détaillants vendent l'essence au prix coûtant et même en deçà de ce qui leur en coûte pour s'approvisionner.

«Pour les détaillants, c'est désastreux», confirme la porte-parole de l'Association québécoise des détaillants indépendants, Sonia Marcotte, qui estime qu'il s'agit d'une guerre de prix qui ne peut pas durer encore longtemps.

Cette semaine, le prix d'un litre d'essence ordinaire était de 1,04 $ à Montréal, soit 2,4 cents de moins que le prix minimum estimé par la Régie de l'énergie, qui est composé du coût d'acquisition, du coût de transport et des taxes et qui n'inclut pas les profits. Selon le CAA-Québec, le prix normal de l'essence à Montréal devrait être de 1,104 $.

Cette anomalie dure depuis presque trois semaines, soit depuis que le gouvernement du Québec a obligé les sociétés pétrolières à verser 1 cent par litre vendu à son nouveau Fonds vert et entamé avec elles des discussions pour trouver une façon de justifier chacune des hausses du prix à la pompe. Simple coïncidence?

Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, a lui aussi remarqué cette étrange accalmie à la pompe, à une période de l'année où l'essence est en forte demande à causes des vacances. «On n'oserait pas s'en attribuer le mérite, mais...», a commenté le porte-parole du ministre, Pascal d'Astous.

Ce dernier a confirmé que le ministre Béchard poursuit des négociations avec l'industrie pétrolière, qui craint d'être submergée par la paperasse si elle doit justifier par écrit chaque hausse de prix. Ces discussions devraient durer au moins un mois encore, a-t-il précisé.

Ni le porte-parole de l'industrie, Carol Montreuil, ni celui d'Ultramar, Louis Forget, n'étaient disponibles hier pour donner leur version des choses.

À Montréal, le litre d'essence se vend actuellement 12 cents de moins qu'à pareille date l'an dernier. Depuis le 15 juin, les détaillants perdent environ 2,5 cents sur chaque litre d'essence qu'ils vendent, estime Sonia Marcotte.

«Très surprenant»

C'est très surprenant à cette période-ci de l'année, selon la porte-parole de CAA-Québec, Sophie Gagnon. «Le baril de pétrole est à la hausse, les réserves américaines sont moindres qu'à pareille date l'an dernier et avec les fêtes nationales au Canada et aux États-Unis, les gens se déplacent davantage en voiture. Habituellement, ce sont des facteurs qui poussent les prix à la hausse», a-t-elle dit.

Il est possible que le marché de Montréal vive une guerre de prix anormalement longue, mais il est est aussi très possible que l'industrie se sente plus surveillée que jamais et se tienne tranquille, selon la porte-parole du CAA.

«Il est difficile de mettre le doigt sur un seul facteur mais comme les détaillants vendent à perte, ce qui est certain, c'est que ça ne durera pas», a-t-elle ajouté.

En hausse, encore

Le coût d'approvisionnement des détaillants d'essence continue d'augmenter avec la hausse du prix du brut, qui a atteint cette semaine son plus haut niveau depuis août 2006. Le baril de brut de la mer du Nord, qui alimente le marché de l'est de l'Amérique du Nord, a gagné 1,70 $ US jeudi pour finir la journée à 74,75 $ US. À New York, le light sweet crude a fermé à 71,81 $ US, en hausse de 40 cents.

La flambée du prix du pétrole est alimentée par la demande estivale, toujours plus forte chez les Américains, les plus gros consommateurs au monde. Le niveau des réserves d'essence aux États-Unis est actuellement inférieur de 4,2% à ce qu'il était en 2006.

En outre, le marché s'inquiète des tensions au Nigéria, le quatrième fournisseur de pétrole des États-Unis. Un mouvement séparatiste, le Mouvement d'émancipation du delta du Niger, fomente des troubles pour obtenir une meilleure redistribution des revenus pétroliers. La production de pétrole du Nigéria a baissé de 800 000 barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie.