En moins de six mois, le titre de Neurochem (T.NRM) a perdu les trois quarts de sa valeur.

En moins de six mois, le titre de Neurochem [[|ticker sym='T.NRM'|]] a perdu les trois quarts de sa valeur.

Craignant que les produits candidats de la biopharma ne soient pas à la hauteur des attentes, les investisseurs ont dégonflé le cours de l'action de 30$ en décembre dernier à presque 7$ aujourd'hui.

«Au prix actuel, c'est comme si on ne donnait plus aucune valeur au médicament expérimental Alzhemed», constate le gestionnaire Serge Depatie, de Natcan.

Le traitement Alzhemed, contre la maladie d'Alzheimer, est le principal produit développé par Neurochem.

Son marché potentiel est de 3 milliards US.

Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

L'essai clinique de phase III nord-américain est terminé. Mais l'entreprise a signalé, le mois dernier, que «l'ajustement du modèle statistique initial serait nécessaire afin de générer des résultats fiables».

En d'autres mots, explique M. Depatie, la société est en train d'analyser les résultats de plus près pour voir si des sous-groupes particuliers faussent les données de l'étude.

«Peut-être que certaines hypothèses touchant des caractéristiques des patients (stade d'évolution de la maladie, etc.) ou certains médicaments pris simultanément (antidépresseurs, etc.) ont été mal établies», avance le gestionnaire.

Selon lui, les résultats, qui seront présentés d'ici la mi-juin, sont probablement difficiles à interpréter.

«Ce n'est pas noir ou blanc, dit-il. Mais ça ne veut pas dire pour autant que ce soit mauvais.»

En effet, si certains sous-groupes réagissent bien au médicament expérimental, il serait possiblement avantageux de développer un traitement.

«L'alzheimer touche tellement de gens que même une partie de ce marché pourrait se traduire en quelque chose d'intéressant», affirme Serge Depatie.

Par ailleurs, le spécialiste constate que les investisseurs ont mal réagi au placement privé de 80 millions US en dettes convertibles (12,70$US l'action) réalisé au début du mois.

«D'habitude, les émissions se font après la publication des résultats, pas avant, dit-il. Des bons résultats font monter le prix de l'action et on obtient de meilleures conditions pour le placement.»

C'est un signe, à son avis, que la prochaine année risque d'être houleuse pour Neurochem.

«Les résultats de l'étude seront probablement mixtes, soutient le gestionnaire. Du moins, c'est ce que le travail de statistiques et le financement hâtif laissent entendre.»

De plus, Neurochem attend des nouvelles de la Food and Drug Administration américaine d'ici le 16 juillet au sujet de son médicament expérimental Kiacta.

Il s'agit d'un traitement contre l'amylose amyloïde A, une maladie inflammatoire mortelle qui s'attaque surtout aux reins.

L'autorité réglementaire, qui examine la demande d'approbation, a reporté sa décision de trois mois, le 16 avril dernier.

Les résultats d'une étude de phase II/III présentés il y a deux ans avaient montré des résultats peu probants. À l'époque, même si son objectif principal n'avait pas été rempli, Neurochem s'était dite encouragée car plusieurs sous-objectifs avaient été atteints.

«Si ce produit est approuvé, ce sera une très bonne nouvelle, dit M. Depatie. À lui seul, il pourrait faire grimper l'action.»

Cela dit, rappelle le spécialiste, le moment de vérité arrive pour Neurochem puisque l'on saura bientôt ce qu'il en est pour ses deux produits.

Pour le moment, les risques d'investir dans l'entreprise sont très élevés même si le prix de l'action est déprécié.

«Il y a une possibilité d'échec complet», précise le gestionnaire.

Pour cette raison, les cours cible d'ici un an des analystes des firmes Brean Murray Carret et Cormack Securities sont respectivement de 2,20$ et 3$.

«Par contre, l'action prendra du tonus advenant l'approbation de Kiacta ou de bons résultats pour Alzhemed», dit Serge Depatie.

Selon Bloomberg, deux analystes recommandent d'acheter le titre, quatre de le conserver et six de le vendre. Leur cours cible moyen est de 11$ d'ici les 12 prochains mois.

PORTEFEUILLE DE PRODUITS

KIACTA: le produit candidat le plus avancé de la firme. Traitement contre l'amylose amyloïde A, maladie associée notamment à l'arthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn. Rendu au stade de l'approbation. En avril dernier, la Food and Drug Administration américaine a reporté de trois mois, jusqu'au 16 juillet, sa décision d'approuver ou non le produit.

ALZHEMED: principal médicament candidat de la firme pour le traitement de la maladie d'Alzheimer. Elle a complété les essais cliniques de phase III. Les résultats seront présentés d'ici à la mi-juin. S'ils sont concluants, un partenariat important avec une multinationale pharmaceutique sera signé.

CEREBRIL: produit candidat destiné au traitement des AVC hémorragiques secondaires à une amylose cérébrovasculaire. L'entreprise a obtenu des résultats prometteurs lors de l'essai clinique de phase II a auprès de 24 patients américains.