R: Ça fait près de trois ans qu'avec Great-West Lifeco, on développait une stratégie d'expansion aux États-Unis.

En faisant l'acquisition des affaires de Putnam Investments Trust, la Financière Power accroît considérablement son équipe de conseillers en placement. Voici le résumé de l'entretien qu'a eu La Presse Affaires avec le président du conseil de la Financière Power, Robert Gratton.

Q: Comment s'inscrit cette transaction dans la stratégie de l'entreprise ?

R: Ça fait près de trois ans qu'avec Great-West Lifeco, on développait une stratégie d'expansion aux États-Unis.

Nous avons identifié les fonds communs et les sociétés de gestion de placement comme une des deux avenues qui nous était ouverte, mais nous n'avions pas encore acheté. Putnam, c'est le genre d'entreprises qu'on cherchait.

Q: Quels sont les avantages de la transaction?

R: Putnam est une firme importante et diversifiée, dans tous les produits. Ça nous permet d'une seule transaction de devenir un acteur très important dans ce secteur. C'est la 10e compagnie de fonds communs aux États-Unis. Mais encore plus important pour nous, c'est la cinquième compagnie dont les fonds communs sont vendus par des conseillers en placement. C'est ce qui nous intéresse. Partout au Canada, c'est notre stratégie. On croit aux équipes de vente et aux services que rendent les conseillers. En plus, Putnam a deux autres plates-formes : une en Europe, où nous sommes présents avec Canada-Vie, et une au Japon, où nous ne sommes pas présents. Ça représente un début important pour nous.

Q: Quel est l'impact de la transaction?

R: À 225 milliards de dollars CAN d'actifs sous gestion, Putnam fait plus que doubler l'actif sous gestion de Lifeco. Pour la Financière Power, ça fait aussi un peu plus que doubler la portion de fonds communs qu'on a sous gestion (McKenzie et IGM), à 240 milliards.

Q: Pourquoi faire l'acquisition par Great-West Lifeco plutôt que par la Financière ?

R: Nous n'avons pas tendance à acheter des sociétés importantes par la Financière, parce que le financement serait difficile. La Financière n'est qu'un holding, qui vit seulement de ses dividendes et qui n'a pas d'activité courante et peu de revenus taxables. On a plutôt deux grands véhicules pour ce faire : Lifeco d'un côté et IGM de l'autre.

Q: Pourquoi pas IGM, alors ?

R: Lifeco est aux États-Unis depuis toujours et c'est à partir d'eux qu'on a développé notre stratégie. Mais ça pourrait très bien être IGM dans l'avenir. On serait derrière eux s'ils voulaient développer à l'extérieur du Canada.

Q: Est-ce l'une de vos plus importantes acquisitions?

R: Canada-Vie a été une transaction de 7,3 milliards CAN en 2003. Celle-ci, c'est 4,6 milliards. McKenzie en 2001, c'était 4,1 milliards et London Life, en 1997, 3 milliards. Putnam est donc la deuxième plus importante. Mais évidemment, à mesure que le groupe se développe, ces chiffres représentent un plus petit pourcentage de la valeur boursière de nos sociétés. Aujourd'hui, Lifeco a une valeur boursière de 30 milliards. À l'époque, Canada-Vie représentait 50 % de la valeur boursière de Lifeco, tandis qu'aujourd'hui, Putnam représente 15 %. C'est donc plus facile à digérer.

Q: Y aura-t-il une intégration?

R: Non, nous n'avions pas de compagnie de fonds communs aux États-Unis. Nous n'avons donc pas besoin d'intégration. On a confiance dans l'équipe de direction, qui a engagé un changement de cap depuis trois ans.

Q: Que reste-t-il du scandale de market-timing chez Putnam?

R: Ce n'était pas seulement chez Putnam, mais chez plusieurs firmes de fonds communs. Putnam est la première à avoir fait un règlement avec la commission des valeurs mobilières américaines. Elle est devenue, malgré elle, un symbole de cette situation-là. Mais ça, c'est à la fin de 2003. Ça laisse toujours des traces, mais on croit que c'est bien fini aux yeux des investisseurs. D'ailleurs, en terme de gouvernance interne, Putnam est maintenant considérée comme une des meilleures sinon la meilleure dans son industrie. Ce n'est pas nous qui le disons, mais les firmes externes qui font ces évaluations.

Q: Et les poursuites contre Putnam?

R: Il y a encore des poursuites, mais c'est Marsh & McLennan qui conserve la responsabilité pour tout ce qui concerne les poursuites liées au market-timing.