Eliot Spitzer, qui s'est bâti une solide réputation en s'attaquant aux malversations à Wall Street à titre procureur général, fait maintenant face à une formidable tâche à titre de gouverneur de l'État de New York: remanier un gouvernement que l'on dit le plus dysfonctionnel aux États-Unis.

Eliot Spitzer, qui s'est bâti une solide réputation en s'attaquant aux malversations à Wall Street à titre procureur général, fait maintenant face à une formidable tâche à titre de gouverneur de l'État de New York: remanier un gouvernement que l'on dit le plus dysfonctionnel aux États-Unis.

M. Spitzer, démocrate, est sur le point d'apprendre que sa promesse faite durant la campagne ("le premier jour, tout change") pourrait ne pas être aussi facile à réaliser lorsqu'il s'attaquera à une législature d'État célèbre pour son intransigeance et pour ses intérêts bien ancrés et dont les membres sont habitués depuis longtemps à faire la pluie et le beau temps à Albany, la capitale.

Étant donné les réalités en cours à Albany, changer les choses au cours des premiers 100 jours de son mandat, ou pendant la première année ou pendant son premier mandat est susceptible de s'avérer une oeuvre de taille.

Le programme de M. Spitzer est fort ambitieux: pendant sa campagne, il a parlé de requinquer l'économie stagnante du nord de l'État, de résoudre la poursuite qui exige que l'on consacre des milliards de dollars supplémentaires dans les écoles de la ville de New York, d'abaisser les impôts fonciers, d'augmenter la couverture des soins de santé tout en maîtrisant les coûts de ces mêmes soins et enfin, de réformer le gouvernement d'État à Albany.

Pour accomplir une bonne partie de ce qu'il souhaite faire, M. Spitzer devra non seulement accepter d'affronter les groupes de pression et les puissants intérêts particuliers qui ont fait pleuvoir de l'argent sur sa campagne, mais il lui faudra aussi gagner à sa cause une législature divisée politiquement et qui sera probablement encore dominée par les mêmes leaders responsables de la tristement célèbre impasse qui a prévalu au cours des trois mandats du gouverneur George E. Pataki.

M. Spitzer interprète sa victoire écrasante comme un mandat pour le changement.

"Notre programme n'est pas sans ambition et la voie à suivre ne sera pas sans difficulté, disait-il mardi soir. Et c'est pourquoi, pour y arriver, je crois vraiment qu'il faudra plus que tout simplement un nouveau gouverneur ou un nouveau parti. L'État de New York dont nous rêvons demande une nouvelle sorte de politique, une approche différente de celle ayant cours à l'époque où le progrès se mesurait par des points partisans remportés ou par des adversaires battus. Dorénavant, nous avons besoin d'une politique qui nous unit, une politique orientée vers l'avenir, une politique qui ne demande pas ce qu'il y a pour moi, mais toujours ce qu'il y a pour nous."

Sur papier du moins, le poste de gouverneur de l'État de New York est l'un des plus puissants des États-Unis et il attiré de ce fait des personnalités de haute stature telles que Theodore et Franklin D. Roosevelt, Al Smith et Nelson A. Rockefeller. Mais au cours des dernières décennies, la législature a fait des pieds et des mains pour retrouver vigoureusement sa place en amenuisant le pouvoir du gouverneur.

Si, dans le passé, la législature était réticente à adopter des lois qu'un gouverneur menaçait de son veto, elle n'a pas hésité ces dernières années à passer outre à des veto encore et encore. Mais voici que M. Spitzer entre en scène.

À titre de procureur général de l'État, il s'était acquis la réputation d'être plus main de fer que gant de velours comme peuvent en témoigner nombre d'acteurs sur Wall Street. Mais les lieutenants de M. Spitzer assurent qu'il dispose de trois stratégies pour tenter de faire passer son programme à la Législature.

M. Spitzer, disent-ils, espère partager les louanges et faire en sorte que tout le monde soit gagnant lorsque viendra le temps de régler de gros dossiers. Il tentera de donner l'exemple en faisant les choses selon leurs mérites, d'une manière non partisane, pour obtenir les appuis voulus. Et si ces deux premières stratégies ne fonctionnent pas, il a l'intention de se battre bec et ongles.

Mais ce qui complique la tâche de M. Spitzer est la réalité suivante: la législature est devenue extrêmement habile à s'isoler de la responsabilité envers les électeurs grâce à des lois permettant aux législateurs en exercice de tracer les lignes de leur propre district pour s'assurer virtuellement leur réélection ou grâce à des lois laxistes sur le financement des campagnes électorales permettant de gros dons, lois dont se servent les partis politiques pour canaliser d'énormes sommes destinées à aider les rares législateurs en exercice menacés de ne pas être réélus.