«Les traces étaient passablement bien brouillées. On a travaillé énormément d'heures [pour démasquer Vincent Lacroix]. Je savais que j'étais dans un contexte de fraude. Quelqu'un qui aurait été dans un contexte d'honnêteté... ce n'est pas la même situation.»

«Les traces étaient passablement bien brouillées. On a travaillé énormément d'heures [pour démasquer Vincent Lacroix]. Je savais que j'étais dans un contexte de fraude. Quelqu'un qui aurait été dans un contexte d'honnêteté... ce n'est pas la même situation.»

Telle a été la réponse de Guylaine Leclerc, présidente de Leclerc Juricomptables et témoin-expert au procès pénal de Vincent Lacroix, à une question du juge Claude Leblond sur les états financiers supposément falsifiés de Norbourg mardi matin.

Le magistrat de la Cour du Québec demandait à la juricomptable si la manipulation de certaines postes dans les états financiers servait à brouiller les pistes et pourquoi le PDG de Norbourg insistait pour jouer avec les chiffres dans le grand livre comptable de la compagnie.

Selon les explications de Guylaine Leclerc, il était difficile de se douter qu'il se produisait des irrégularités au sein du groupe Norbourg et seulement le travail de moine accompli par les enquêteurs pouvait faire éclater le scandale. Même des vérificateurs et le ministère du Revenu pouvaient difficilement trouver la vérité.

Depuis lundi matin, la patronne de Leclerc Juricomptables, qui a enquêté pour l'Autorité des marchés financiers, expose devant la cour quelles écritures comptables ont pu être falsifiées afin de camoufler les retraits irréguliers faits à partir de l'argent des investisseurs.

Dans les états financiers de Norbourg, des postes comme les avances de fonds de Vincent Lacroix et les revenus d'activités comme la gestion privée auraient été utilisés pour dissimuler les retraits irréguliers faits chez Northern Trust. M. Lacroix lui-même a admis en octobre 2006 devant le syndic de faillite RSM Richter qu'il a eu recours à des manoeuvres pour justifier des revenus chez Norbourg.

La tâche de le prouver en cour est toutefois lourde car l'AMF s'attaque à un stratagème complexe. Après une longue enquête et une preuve qui a nécessité plus de 40 jours de procès, Guylaine Leclerc a recours à une panoplie de présentations PowerPoint, de tableaux et d'explications afin de démontrer comment les états financiers ont été faussés.

Depuis le début du procès, plus de 70 pièces ont été déposées en preuve par la poursuite pour illustrer comment 115 M$ ont été sortis des poches des investisseurs par la voie de 137 retraits.

Ensuite, 10 000 transactions bancaires ont permis à ces sommes de transiter chez Norbourg pour notamment faire des acquisitions, financer les affaires et acheter des maisons.

Le témoignage de Guylaine Leclerc devrait se terminer cette semaine, clôturant la phase de la poursuite au procès. Dès la semaine prochaine, la défense devrait s'amorcer.

Vincent Lacroix fait face à 51 chefs d'accusation pour retraits irréguliers et falsification de documents. L'AMF demande une peine de cinq ans moins un jour et 5 M$ d'amende pour chaque chef.

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