Alors que le baril de pétrole franchissait pour la première fois le seuil des 80$US mercredi, le prix du litre d'essence subit déjà depuis quelques jours de fortes pressions à la hausse...et l'automne s'annonce mal.

Alors que le baril de pétrole franchissait pour la première fois le seuil des 80$US mercredi, le prix du litre d'essence subit déjà depuis quelques jours de fortes pressions à la hausse...et l'automne s'annonce mal.

«Ça se corse dangereusement. Les pressions sont à la hausse», déclare à La Presse Affaires Carol Montreuil, vice-président régional de l'Institut canadien des produits pétroliers.

Si les automobilistes de Montréal ont profité d'un prix de 99 cents le litre la semaine dernière, ils devront maintenant en faire leur deuil.

Mercredi, le prix à la pompe a grimpé à plus de 1,07$ le litre à Montréal, peu avant que le pétrole n'atteigne un nouveau sommet.

Le brut a atteint un record historique à New York, en dépassant 80$US le baril, la promesse de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de pomper un peu plus de brut n'ayant pas suffi à apaiser un marché préoccupé par la fonte des stocks mondiaux avant l'hiver.

Le prix d'un baril de light sweet crude échangé à New York pour livraison en octobre a inscrit un nouveau record historique en grimpant jusqu'à 80,18$US en séance.

Il a aussi établi un record en clôture en terminant à 79,91$US, soit une hausse de 1,68$US.

Le prix du brut a flambé de 25% depuis un an à New York.

Cette envolée a deux causes: le scepticisme du marché face à la décision de l'OPEP d'augmenter légèrement sa production, et la baisse continue des stocks de brut américains, confirmée mercredi par le département de l'Énergie des États-Unis (DoE).

Par contre, il n'y a pas que le prix du brut qui explique celui à la pompe. Il faut tenir compte aussi des profits des raffineurs, réplique Sonia Marcotte, présidente-directrice générale de l'Association québécoise des indépendants du pétrole.

Les raffineurs font de bons profits, reconnaît Carol Montreuil. La marge des raffineurs a atteint 10,9 cents le litre mercredi et 15,8 cents depuis janvier dernier, même si 5 ou 6 cents leur suffirait pour faire de bons profits, selon Sonia Marcotte.

Par contre, la marge des détaillants se limitait à 5,9 cents hier, alors qu'ils ont besoin de 4,9 cents pour couvrir leurs frais.

Le Québec profite malgré tout des prix du litre hors taxes les plus bas au Canada, assure Sonia Marcotte.

Sans la vigueur du dollar canadien, les automobilistes paieraient le litre de 20 à 25 cents de plus, car le pétrole s'achète en dollars américains, qui ont perdu 40% de leur valeur en quatre ans, note Carol Montreuil.

Les spéculateurs font monter le prix du pétrole, même quand il n'y a que des risques d'ouragans et Ultramar n'y peut rien, dit pour sa part le directeur des communications de la société, Michel Martin.

Il manque 100 000 barils par jour à l'Ontario et au Québec pour satisfaire la demande, mais Ultramar complètera le printemps prochain des investissements de 1 milliard en huit ans pour accroître la capacité de sa raffinerie de Lévis de 45 000 barils, dit Michel Martin.

L'OPEP pompe plus

L'OPEP, qui représente près de 40% de la production mondiale d'or noir, a annoncé mardi qu'elle pomperait, à partir du 1er novembre, 500 000 barils par jour de plus qu'elle ne le fait actuellement.

Dans un premier temps, la nouvelle a été bien accueillie par un marché qui s'était préparé au statu quo. Mais les négociants n'ont pas tardé à revoir leur verdict, pour estimer qu'en fait, le geste de l'OPEP n'aurait qu'une portée symbolique.

«C'est mieux que rien, mais ce n'est toujours pas assez. Par rapport au déficit attendu sur le marché au quatrième trimestre de 2007 et au premier trimestre de 2008, c'est insuffisant», a expliqué à l'AFP Frédéric Lasserre, analyste à la Société Générale.

La demande va commencer à grimper à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère nord, et les pays consommateurs vont devoir puiser dans des stocks que certains jugent déjà à un niveau alarmant.

L'Agence internationale de l'énergie, qui représente les intérêts des pays consommateurs, estime que le niveau de production requis de la part du cartel est de 32,4 millions de barils par jour (mbj), comparativement à 30,4 mbj en moyenne en août.

Les cours ont reçu une autre impulsion avec la publication du rapport du DoE, qui a révélé que les stocks de brut des États-Unis avaient fondu de 7,1 millions de barils lors de la semaine achevée le 7 septembre. Le marché avait anticipé une baisse, mais de seulement 2,7 millions de barils.

Avec Agence France-Presse