L'économie américaine suscite de plus en plus d'inquiétude, surtout depuis le dernier bilan du marché de l'emploi paru vendredi.

L'économie américaine suscite de plus en plus d'inquiétude, surtout depuis le dernier bilan du marché de l'emploi paru vendredi.

Au point que les experts et les économistes craignent une contagion à l'échelle mondiale. Un impact qui se fait sentir, aussi, jusque dans la caisse de retraite de Domtar...

Cette fois, il se pourrait bien que les éternuements des États-Unis enrhument toute la planète.

La croissance économique mondiale semble vraiment appelée à ralentir substantiellement au cours des prochains mois, alors que le fléchissement de l'économie américaine fait sentir son onde de choc en Asie et en Europe.

Si cela s'avérait, ce serait tout un revirement par rapport aux 18 derniers mois, une période au cours de laquelle l'économie mondiale est restée insensible au ralentissement américain et a affiché une croissance annuelle de plus de 5%.

La situation actuelle est différente parce que le ralentissement aux États-Unis commence à s'étendre du marché résidentiel à la consommation de biens produits par des sociétés étrangères comme Toyota.

Et la soudaine hausse des coûts d'emprunt qui a suivi l'effondrement du marché des prêts hypothécaires à risque s'étend maintenant à la planète.

«Ce sera un problème beaucoup plus sérieux cette fois», dit Raghuram Rajan, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) et aujourd'hui professeur à l'Université de Chicago.

«Je n'entrevois pas de baisse catastrophique de la croissance, mais elle ralentira.»

Si la croissance aux États-Unis passe d'un rythme moyen de 2,3% durant le premier semestre à moins de 2%, l'économie mondiale pourrait se replier modestement à environ 4,75%, affirment les prévisionnistes de Morgan Stanley, Global Insight et Economist Intelligence Unit.

Une crise provoquée par une récession américaine ferait plus mal et pourrait ramener la croissance mondiale à 3,5% ou moins.

Une baisse de taux attendue

Face à des perspectives instables, les banques centrales de Grande-Bretagne, d'Europe, du Canada, de l'Australie et de la Corée du Sud ont annoncé la semaine dernière le maintien de leur taux directeur.

Aux États-Unis, les marchés à terme misent sur l'annonce d'une réduction du taux d'escompte de la Réserve fédérale américaine, le 18 septembre prochain.

L'économie mondiale est en péril chaque fois qu'une catastrophe -comme la flambée des cours pétroliers dans les années 70- s'abat simultanément sur les États-Unis et le reste du monde, selon une étude du FMI publiée en avril.

C'est ce qui semble se produire maintenant, alors qu'aux quatre coins du monde, les investisseurs et les prêteurs se montrent plus prudents depuis la multiplication des défauts de paiement des emprunteurs à risque.

Ce qui est sûr, c'est que l'économie mondiale est plus solide qu'elle ne l'était lors de la dernière débandade du crédit qui, il y a 10 ans, a précipité la plupart des pays asiatiques dans la récession.

N'empêche, plusieurs s'accordent à dire que la croissance mondiale écopera -et ce, même à Wall Street, parmi les plus éminents tenants de la théorie voulant que le reste du monde peut «se découpler» des États-Unis.

Même avant la dernière hausse des coûts d'emprunt, certains marchés de l'habitation commençaient à montrer des signes de faiblesse en Europe.

En mai, le prix des maisons neuves a chuté de 21%, annulant pratiquement toute l'avancée enregistrée depuis le début de l'année; en Irlande, la valeur des maisons a connu son premier recul annuel en juillet pour la première fois en 10 ans.

Par ailleurs, les prêteurs britanniques comme Mortgages plc, filiale de Merrill Lynch, et Deutsche Bank AG ont resserré leurs critères d'attribution des prêts hypothécaires.

Les sociétés européennes font aussi face à des coûts d'emprunt plus élevés, indique Adam Posen, de l'Institut d'économie internationale Peterson, à Washington.

Certes, le resserrement du crédit risque aussi d'affecter l'Asie, mais l'économie de la région est encore plus vulnérable à un ralentissement de la demande américaine pour leurs produits.

Les dépenses des consommateurs, qui représentent près de 70% de l'économie américaine, ont progressé à un rythme annuel de 1,4% au cours du second trimestre, soit sa plus faible avancée en un an.

L'Asie «dépend toujours lourdement des exportations», confiait le 6 septembre dernier Stephen Roach, président de Morgan Stanley, en Asie.

«Et le plus vaste marché pour la plupart des pays asiatiques demeure celui des consommateurs américains surendettés qui, selon moi, seront les prochains touchés par la crise des prêts à risque.»

Certains pays asiatiques en ressentent déjà les contrecoups. La croissance des exportations thaïlandaises est passée de 18,1% en juin à près de 6% en juillet et en août.

La baisse de la demande américaine pour les appareils électriques et électroniques a déprimé en juillet les exportations en provenance de la Malaisie pour le deuxième mois consécutif.

Même la dynamique économie chinoise est susceptible de subir les revers d'un ralentissement de la consommation. Les États-Unis, premier partenaire commercial de la Chine, ont acheté près de 20% des 107,7 milliards US de biens que le pays a exportés en juillet.

Quant au Japon, première économie asiatique, il montre déjà des signes de défaillance. La croissance du produit intérieur brut n'était que de 1,2% au second trimestre, soit deux fois moins que ce qu'avaient prédit les économistes.

Les ventes du géant japonais de l'automobile, Toyota, ont reculé pour le deuxième mois consécutif aux États-Unis, une première en quatre ans et demi.