«En participant à une étude clinique, Julie et Martin contribuent à sauver des vies... Indemnités jusqu'à 1500$.» Par ces slogans accrocheurs et très répandus au Québec, les entreprises de recherche contractuelle ne visent qu'un seul et unique but : inspirer la confiance. Une ressource intangible et pourtant essentielle à la prospérité de cette industrie.

«En participant à une étude clinique, Julie et Martin contribuent à sauver des vies... Indemnités jusqu'à 1500$.» Par ces slogans accrocheurs et très répandus au Québec, les entreprises de recherche contractuelle ne visent qu'un seul et unique but : inspirer la confiance. Une ressource intangible et pourtant essentielle à la prospérité de cette industrie.

Chez Algorithme Pharma, plus de 7000 volontaires sont employés chaque année pour réaliser quelque 200 études cliniques destinées à des clients de partout dans le monde. «Notre rôle, c'est de travailler avec les compagnies pharmaceutiques pour qu'elles puissent satisfaire les normes internationales», explique le docteur Marc Lefebvre, vice-président et directeur de l'entreprise de recherche contractuelle (ERC) établie à Laval.

Il s'agit de prouver hors de tout doute qu'un nouveau produit pharmaceutique, d'origine ou générique, ne pose aucun risque pour la santé humaine. Ce sont les études cliniques dites de phase I ou de bioéquivalence. Avec la convergence des grandes pharmaceutiques, plusieurs compagnies se sont défaites volontiers de cette partie plus technique du processus de R&D.

Une grande partie de la recherche clinique est ainsi confiée à la vingtaine d'ERC du Québec. Selon une étude récente effectuée par l'organisme BioQuébec, 45 % des contrats proviennent de l'étranger et 33% dépassent le million de dollars. Rien qu'en 2006, 450 emplois ont été ajoutés dans ce secteur en forte croissance.

«Les grandes compagnies pharmaceutiques se tournent vers nous pour notre expérience, notre vaste réseau de recrutement et notre connaissance approfondie des normes et des agences gouvernementales», explique le Dr Lefebvre.

Afin de bâtir cette relation de confiance tant auprès des clients que des volontaires, les ERC québécoises ont dû travailler d'arrache-pied. Depuis leur création, au début des années 90, elles se soumettent à des inspections fréquentes de Santé Canada et même de la FDA américaine. Elles se doivent aussi d'offrir des indemnités compétitives aux sujets des études (environ 250 $ par jour), ce qui augmente leurs coûts d'exploitation.

Une concurrence féroce

Avec sa faible population et sa main-d'oeuvre relativement coûteuse, il deviendra plus ardu pour le Québec de concurrencer les paradis de la sous-traitance, comme l'Inde ou la Chine, qui s'organisent progressivement. «Le secteur de la recherche contractuelle n'échappera pas aux tendances», explique Johanne Boucher-Champagne, directrice des opérations chez Anapharm, une ERC de la région de Québec. Mais, contrairement aux technologies de l'information, l'industrie de la recherche clinique n'en est pas une qui se déménage facilement. La plupart des médicaments doivent être testés dans les populations pour lesquelles ils sont destinés, qu'elles soient de souche européenne, asiatique ou autre, explique Mme Boucher-Champagne. Le bagage génétique québécois, à la fois européen et multiculturel, contribue à empêcher cette industrie de passer à l'Est.

Entre-temps, les ERC profitent pleinement de leur expertise reconnue mondialement: dès qu'il s'agit de percer le marché nord-américain, même les compagnies indiennes sous-traitent leur recherche clinique au Québec. Ranbaxy, par exemple, collabore presque exclusivement avec des ERC montréalaises plutôt que de faire sa recherche clinique en Inde à moindres coûts. La raison de cette inversion des lois de la mondialisation? «Aucune compagnie n'accepterait de se voir refuser l'accès au lucratif marché américain à cause d'un doute sur la provenance des études, explique le Dr Lefebvre. C'est avant tout une question de confiance.»