Google s'est résolu à payer une amende de plus de sept millions d'euros et à ouvrir davantage à ses concurrents son système Android pour téléphones intelligents pour mettre fin à des poursuites des autorités russes, en vertu d'un accord annoncé lundi.

Si la somme à payer reste relativement symbolique au vu du poids financier du géant américain, l'accord à l'amiable rendu public comprend des concessions majeures au profit de ses concurrents, alors que des procédures similaires sont en cours dans d'autres juridictions dont l'Union européenne.

« Nous avons réussi à trouver un équilibre entre la nécessité de développer l'écosystème Android et les intérêts des développeurs tiers pour diffuser leurs applications et services sur les appareils sous système d'exploitation Android », s'est félicité le président de l'agence chargée de la concurrence en Russie (FAS), Igor Artemiev, dans un communiqué.

Cet accord « répond aux intérêts de toutes les parties », a estimé Google dans un communiqué distinct.

Saisie par le groupe russe Yandex, l'agence FAS avait reconnu en 2015 Google coupable d'abuser de sa position dominante. Elle lui reprochait d'imposer aux constructeurs d'appareils mobiles fonctionnant sous son système d'exploitation Android de faire de son moteur de recherches celui utilisé par défaut, tout en interdisant de préinstaller avant la mise en vente les services de concurrents.

Elle avait ensuite fixé l'amende à 438 millions de roubles, soit 7,4 millions d'euros au taux de lundi, mais Google avait depuis multiplié les procédures d'appel puis lancé des discussions avec les autorités pour arriver à un compromis.

Selon l'accord annoncé lundi, Google accepte non seulement de payer l'amende requise mais renonce à toute exclusivité de ses services sur les appareils fonctionnant sous Android.

Les fabricants de ces téléphones intelligents pourront désormais préinstaller des applications concurrentes, notamment sur l'écran d'accueil, et le moteur de recherche ne sera plus préréglé sur celui de Google y compris dans le navigateur Chrome du groupe américain.

Le numéro un de la recherche sur internet en Russie Yandex, à l'origine des poursuites, s'est félicité d'une «journée importante pour les consommateurs russes» et notamment les 55 millions de Russes utilisant Android. «Google a accepté des mesures importantes qui ouvrent sa plateforme Android», a souligné son directeur général Arkadi Voloj dans un communiqué.

Les investisseurs semblaient appréciés, car l'action du groupe russe s'envolait de plus de 7% lundi vers 15H15 GMT sur le Nasdaq. Ses parts de marché dans les recherches sur internet ont décliné ces dernières années, passant sous le seuil de 60%, sous l'effet de la progression de Google sur les appareils mobiles.

L'action Alphabet progressait de plus de 1%.

Jusqu'alors, Google avait rejeté les accusations des autorités russes, soulignant que les utilisateurs avaient toujours le choix de télécharger des services concurrents ou de modifier les réglages pour sélectionner d'autres moteurs de recherche par défaut.

Les pratiques du géant américain concernant Android sont également dans le collimateur de la Commission européenne qui l'a notifié l'an dernier ses griefs, lui reprochant de «priver les consommateurs d'un choix plus large d'applications et de services mobiles» et de «freiner l'innovation émanant des autres acteurs».