Le chômage n'avait jamais connu de telle baisse depuis que les statistiques sont collectées sous ce format: quelque 66 300 chômeurs ont quitté les listes de Pôle emploi en septembre, effaçant la flambée d'août et faisant repasser l'indicateur sous la barre symbolique des 3,50 millions.

En volume, il s'agit de la plus forte baisse mensuelle depuis 1996, aussi loin que remontent les séries longues du ministère du Travail. En pourcentage (-1,9%), il faut remonter à novembre 2000 pour retrouver une plus forte baisse.

«Notre politique économique porte ses fruits», s'est immédiatement réjoui le premier ministre Manuel Valls dans un tweet, appelant à «poursuivre» l'effort.

Fin septembre, l'opérateur public a recensé 3,49 millions de demandeurs d'emploi en métropole, selon le ministère du Travail. Ces chiffres, qui passent sous 3,50 millions pour la première fois depuis janvier 2015, diminuent de 90 000 depuis le début de l'année (-2,5%) et de 59 500 sur un an (-1,7%).

«Malgré des variations mensuelles parfois fortes, ce sont donc 10 000 personnes qui sortent chaque mois, en moyenne, de la catégorie A» de Pôle emploi (sans activité), a noté la ministre du Travail, Myriam El Khomri, dans un communiqué.

La baisse de septembre fait plus que compenser la forte hausse enregistrée au mois d'août (+50 200, +1,4%).

En comptant l'outre-mer, le chômage a baissé de 1,8%, pour un total de 3,75 millions de chômeurs. Les statistiques baissent aussi, mais moins, en incluant les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité (-0,7%), à 5,48 millions en métropole, 5,78 millions en France entière.

L'embellie touche principalement les jeunes, avec une baisse de 5,3% du nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans en catégorie A. Sur un an, il diminue de 7,0%.

En revanche, la situation des seniors (50 ans ou plus) s'améliore à peine (-0,2%) et reste dégradée sur un an (+2,4%).

Quant au chômage de longue durée, il reprend sa décrue (-0,3% sur le mois, -0,5% sur un an). Fin septembre, 2,42 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an.

Aléa administratif

Mais les bons résultats de septembre, comme les mauvais d'août, ne sont pas uniquement dus à la conjoncture.

Depuis le début de l'année, le nombre de jours ouvrés pendant lesquels les chômeurs sont tenus actualiser leur situation, sous peine d'être désinscrits d'office, est variable. Résultat: le nombre de personnes désinscrites pour «défaut d'actualisation» fluctue d'un mois sur l'autre, tantôt à la hausse tantôt à la baisse sur les chiffres mensuels de Pôle emploi, sans que les variations soient forcément en lien avec l'état du marché du travail.

En septembre, 238 900 personnes ont quitté Pôle emploi pour ce motif, soit 66 500 de plus qu'en août et autant de personnes en moins sur les listes.

Mais le cabinet de Mme El Khomri assure que cet aléa administratif n'a joué qu'«à la marge».

En revanche, le «plan 500 000» ne semble pas avoir eu d'effet sur les chiffres ce mois-ci, car la catégorie D de Pôle emploi, où sont répertoriés les demandeurs d'emploi en formation, est restée quasi-stable (-0,2%).

Le dispositif, lancé en début d'année, doit porter de 500 000 à un million le nombre de formations pour les demandeurs d'emploi en 2016. En entrant en formation, les demandeurs d'emploi, plus considérés comme des chômeurs car indisponibles pour travailler, quittent les catégories A, B ou C de Pôle emploi pour rejoindre la catégorie D, moins commentée.

Le plan de formation est dénoncé par l'opposition comme une manière d'inverser artificiellement la courbe du chômage.

Le président François Hollande, qui a souvent promis d'inverser la courbe, a conditionné son éventuelle candidature à un second mandat à une baisse «crédible» du chômage en 2016.

Il n'a toutefois pas précisé s'il se baserait sur l'indicateur de Pôle emploi ou celui de l'Insee, qui est en baisse significative depuis un an. Entre mi-2015 et mi-2016, le taux de chômage de l'Institut de la statistique, le seul reconnu à l'international, est passé de 10,1% à 9,6% de la population active en métropole.

Le chef de l'État doit annoncer sa décision à la fin de l'année.