La marque montréalaise de vêtements de luxe Nicole Benisti, entreprise soeur du géant Point Zéro, affirme que la grande campagne de promotion mondiale de sa nouvelle collection vient d'être sabotée par son ancienne égérie, la top-modèle Danielle Knudson, qui aurait décidé à deux jours de préavis d'abandonner le projet.

L'entreprise vient de déposer une poursuite civile au palais de justice de Montréal dans laquelle elle réclame 233 000 $ en dommages à la mannequin et son agence, Wilhelmina International.

Nicole Benisti Signature Collection est une entreprise de vêtements d'hiver très haut de gamme développée par les codirigeants de Point Zéro, les Montréalais Nicole et Maurice Benisti. Leurs manteaux peuvent atteindre 3000 $ l'unité et ont été adoptés par des vedettes comme Jennifer Lopez. « Sur le marché, on s'est positionnés encore plus chers que Canada Goose », souligne Maurice Benisti, en entrevue avec La Presse.

Depuis plus de deux ans, toute la promotion de l'entreprise était axée sur la mannequin d'origine canadienne Danielle Knudson.

« C'est très important, le visage d'une marque. Au départ, quand elle a commencé avec nous, elle était toute nouvelle. Ensuite elle a fait une campagne pour Guess et elle est devenue plus connue », explique Nicole Benisti, de la marque montréalaise de vêtements de luxe Nicole Benisti.

L'entreprise montréalaise avait signé un nouveau contrat avec la top-modèle pour sa nouvelle collection de l'hiver prochain, dont la promotion devait commencer bientôt. La séance photo était prévue pour le 21 juillet. L'entreprise s'était occupée de tout : le photographe, les maquilleuses, les assistants, le traiteur, le billet d'avion de la mannequin, sa réservation d'hôtel... L'équipe s'était même procuré une Lamborghini qui devait être utilisée dans le décor, racontent M. et Mme Benisti.

Contrat plus lucratif ailleurs

Selon la requête déposée à la cour, la prise d'images devait avoir lieu le 21 juillet. Mais le 19 juillet, à 14 h 38, l'agence Wilhelmina a avisé l'entreprise que la mannequin ne se présenterait pas, car elle avait trouvé un contrat plus lucratif ailleurs.

Or, toujours selon la poursuite, plusieurs chaînes de vente au détail comme Saks Fifth Avenue et Revolve avaient accepté de prendre en magasin la collection Nicole Benisti en sachant que la promotion mettrait en vedette Danielle Knudson. « Les clients de [Nicole Benisti] s'attendaient à ce que [Danielle] Knudson honore ses obligations contractuelles », lit-on dans le document judiciaire.

« Elle nous a fait beaucoup de tort. Maintenant, nous sommes en train de travailler à une nouvelle campagne », explique Maurice Benisti.

Wilhelmina a bien proposé d'envoyer une remplaçante, mais celle-ci n'avait ni la notoriété ni la « visibilité publique internationale » de Danielle Knudson, selon l'entreprise. Mme Knudson a été en vedette dans plusieurs magazines dont Sports Illustrated cette année, et sa relation de couple avec le joueur de tennis Milos Raonic a encore accentué sa visibilité sur le circuit du jet-set.

L'avocat de Nicole Benisti Signature Collection s'est montré choqué par l'attitude de la top-modèle et son agence. « Elles se moquaient du système judiciaire canadien. On voit plutôt ça dans le tiers-monde d'habitude. C'est intéressant ici de faire un exemple pour les grandes entreprises américaines, leur montrer que ce n'est pas parce que c'est du droit canadien que c'est moins grave de ne pas respecter un contrat », affirme Me Jason Hadid.

L'agence Wilhelmina n'a pas répondu aux messages de La Presse dans le cadre de cet article.