Les autorités américaines ont indiqué mercredi avoir arrêté un dirigeant de la banque HSBC, accusé de manipulation du marché de change, remis ensuite en liberté sous caution d'un montant d'un million de dollars.

Mark Johnson, 50 ans, responsable Monde du courtage des devises de la banque britannique, a été arrêté mardi soir à l'aéroport de New York-John F. Kennedy par la police fédérale (FBI), a annoncé le département de la Justice.

M. Johnson, qui est un citoyen britannique basé aussi bien à Londres qu'à New York, est le premier individu écroué dans le cadre des enquêtes sur des manipulations présumées du marché des changes menées depuis plus de trois ans par des régulateurs à travers le globe.

Il a été présenté à un juge fédéral d'un tribunal de Brooklyn (New York) et a été remis en liberté sous caution d'un montant d'un million de dollars, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

M. Johnson et Stuart Scott, 43 ans, ancien responsable Europe des devises de HSBC, également mis en cause, sont accusés de délit d'initié.

Les faits se seraient déroulés en novembre et en décembre 2011, un mois après qu'une société énergétique dont le nom n'est pas communiqué a retenu HSBC pour un ordre d'achat massif visant à convertir des ventes de 3,5 milliards de dollars en livres sterling.

MM. Johnson et Scott se sont servis de ces informations pour acheter en amont des livres pour le compte propre de HSBC avant de valider l'ordre d'achat du client, ce qui a permis à HSBC d'engranger un profit total de 8 millions de dollars, dont 3 millions pour les deux traders, a indiqué à l'AFP une source anonyme proche du dossier.

Les accusés ont «trahi la confiance de leur client et frauduleusement manipulé le marché de changes à leur profit et pour celui de la banque», fustige Leslie Caldwell, une des ministres adjointes de la Justice citée dans un communiqué.

Pour Paul Abbate, directeur adjoint du FBI, MM. Johnson et Scott «ont escroqué des clients en détournant des informations confidentielles pour manipuler les prix des devises à leur profit et pour celui de la banque (HSBC)».

Cette arrestation traduit l'offensive du ministère de la Justice américain, sous pression, pour traîner devant les tribunaux banquiers et traders dont les pratiques illicites ont conduit à la crise de 2008.

«HSBC a coopéré et continuer de coopérer à l'enquête du DoJ», a indiqué à l'AFP Robert Sherman, un porte-parole de HSBC.

Six grandes banques américaines (Citigroup, JPMorgan Chase et Bank of America), britanniques (Barclays et Royal Bank of Scotland) et suisse (UBS) ont déjà écopé d'une série de pénalités infligées par les autorités américaines et britanniques en novembre 2014 et mai 2015, représentant un total de près de 10 milliards de dollars, pour leur rôle dans cette affaire. Aucun individu n'avait encore été écroué.

En août dernier, ces six banques ont conclu, aux côtés de trois autres établissements (la Française BNP Paribas, l'Américaine Goldman Sachs et la Britannique HSBC), un accord de plus de deux milliards de dollars avec des investisseurs s'estimant lésés.

Les régulateurs reprochent aux cambistes de ces grands établissements d'avoir utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter de façon indue afin d'infléchir un taux de référence du marché des changes.

Le marché des changes représente une gigantesque Bourse mondiale qui voit transiter l'équivalent de 5.300 milliards de dollars de transactions par jour, dont 40% via la City de Londres. Toute entorse à la règle porte potentiellement sur des sommes faramineuses.