Le service de partage de voitures personnelles que vient de lancer au Québec l'entreprise californienne Turo est un vieux projet de Communauto, qui pourrait le réactiver si la demande est là.

« J'y pensais déjà en 1998. Ça demeure dans notre liste de projets et ne soyez pas surpris si ça revient », a indiqué hier Benoit Robert, président-directeur de Communauto, qui a rencontré la presse pour parler de l'avenir de son entreprise.

Jusqu'à maintenant, Communauto juge que le partage de voitures personnelles suscite beaucoup d'intérêt, mais que la rentabilité n'est pas au rendez-vous. C'est la raison pour laquelle Benoit Roberge ne s'inquiète pas de la concurrence de Turo, une nouvelle plateforme sur le modèle d'Airbnb qui permet au propriétaire d'une voiture de la mettre en location quand il ne s'en sert pas et d'en tirer des revenus. Le service a été lancé hier au Québec, en Ontario et en Alberta.

« Pour le moment, il n'y a pas une grosse place pour ça ici, parce qu'on peut louer à très bas prix », estime Benoit Robert.

Si la demande pour ce type de service s'accroît, Communauto compte l'offrir, avec des conditions plus avantageuses que la concurrence. « On veut toujours offrir le maximum d'options de mobilité », affirme-t-il.

Dans l'immédiat, l'entreprise se concentre sur l'amélioration de son offre de services. Communauto offrira plus de voitures, classiques et électriques, sur un plus grand territoire, surtout à Montréal et à Québec. Communauto est aussi présente à Gatineau, Sherbrooke, Ottawa, Halifax et Paris. « On est une petite multinationale », dit Benoit Robert à propos de l'entreprise qu'il a fondée il y a 20 ans et qu'il a rentabilisée sans subvention.

L'augmentation du parc se fera surtout dans la location sans réservation, l'activité de Communauto qui connaît la plus forte croissance. « La demande est en explosion », dit Benoit Robert.

Selon lui, la location sans réservation dépassera peut-être un jour la location avec réservation, qui a été sa première activité. Mais l'entreprise offrira toujours les deux services parce qu'ils sont complémentaires.

ALLIANCES ET NOUVEAUX INVESTISSEURS

En plus de Turo, d'autres initiatives d'autopartage sont dans l'air et Communauto s'y intéresse de près. L'entreprise Téo Taxi d'Alexandre Taillefer veut par exemple mettre ses voitures électriques en location. Plutôt qu'un concurrent, Communauto y voit un éventuel associé. « On va leur tendre la perche », a fait savoir Benoit Robert.

De même, Communauto a fait une proposition à la Ville de Montréal, qui veut augmenter le nombre de voitures électriques en autopartage et se doter d'un réseau de 1000 bornes de recharge sur rue.

Communauto, qui a le plus grand parc de voitures électriques en autopartage du Canada, espère s'entendre prochainement avec la Ville de Montréal pour augmenter son offre de véhicules électriques.

En attendant, ses services seront offerts sur une plus grande partie du territoire montréalais, soit dans les arrondissements de Saint-Laurent, d'Ahuntsic et de Ville-Marie au centre-ville, si la Ville donne son accord.

Selon Benoit Robert, Communauto a une très longue liste de projets d'expansion. Pour les mener à bien, elle aura besoin d'argent. Des discussions sont en cours pour attirer de nouveaux investisseurs. « Des investisseurs patients », prend soin de préciser le fondateur de l'entreprise qui emploie une centaine de personnes.

Photo Olivier Pontbriand, Archives La Presse

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