Le directeur général du groupe pharmaceutique américain Turing, Martin Shkreli, a démissionné de ses fonctions, a annoncé vendredi le laboratoire au lendemain de l'inculpation du jeune homme pour fraude dans une affaire liée à d'autres sociétés.

Le président du conseil d'administration, Ron Tilles, a été nommé directeur général par intérim de Turing Pharmaceuticals et conservera sa fonction de président, selon un communiqué.

Entrepreneur et financier, Martin Shkreli a été inculpé jeudi à New York. Il est notamment accusé d'avoir trompé les investisseurs des deux fonds alternatifs (hedge funds) dont il était le gérant, MSMB Capital Management et MSMB Healthcare Management.

Il est également soupçonné d'avoir contraint le laboratoire pharmaceutique qu'il avait créé, Retrophin, à transférer des titres de la société à ces fonds sans contrepartie financière.

Au total, Retrophin et ses actionnaires auraient perdu plus de 11 millions de dollars dans l'affaire.

Martin Shkreli a fondé Turing Pharmaceuticals en février 2015.

«Nous voulons remercier Martin de nous avoir aidés à faire de Turing Pharmaceuticals la société axée sur la recherche dynamique qu'elle est aujourd'hui et lui souhaitons le meilleur dans ses futurs projets», a commenté Turing dans un communiqué.

«Nous restons attachés à faire de Daraprim et Vecamyl des médicaments accessibles à tous les patients», a poursuivi le communiqué, en référence à deux produits commercialisés par cette société.

En septembre, Turing Pharmaceuticals avait fait passer le prix d'un comprimé de Daraprim, un médicament utilisé contre le paludisme et des co-infections du sida, de 13,50 à 750 dollars du jour au lendemain.

M. Shkreli avait alors été surnommé l'homme le plus détesté des États-Unis et de nombreuses voix s'étaient élevées pour dénoncer cette hausse, notamment au sein du monde politique.

Turing avait ensuite annoncé qu'il ne baisserait pas le prix unitaire du médicament, mais négocierait des accords avec les groupes de santé sur un prix de gros.

Remis en liberté jeudi quelques heures après son interpellation, moyennant une caution de cinq millions de dollars, Martin Shkreli a repris vendredi la diffusion en continu et en direct sur YouTube d'images de ce qui semble être son bureau.

Adepte de cette mise en scène, il y fait quelques furtives apparitions, entrant et sortant de la pièce, sans que ses propos ne soient audibles.

Vendredi, la cotation de la société pharmaceutique Kalobios, dont il avait pris le contrôle en novembre, est restée suspendue.

Son cours s'était effondré de plus de 50 % jeudi dans les échanges hors marché avant que le titre ne soit suspendu préalablement à l'ouverture de la Bourse de New York jeudi.