Six grandes banques d'Europe et des États-Unis ont écopé d'amendes totalisant 4,3 milliards US pour avoir manipulé pendant des années le marché des taux de change sur les devises le plus échangées dans le monde.

Un marché de 5300 milliards par jour

Le marché des devises voit transiter l'équivalent de 5300 milliards US par jour, ce qui implique que la moindre manipulation des cours peut vite faire boule de neige dans les marchés financiers et profiter indûment aux cambistes impliqués, au détriment de leurs clients.

Par ailleurs, parce qu'elle accapare 40% des transactions de change dans le monde, la City financière de Londres est encore éclaboussée par un scandale international, après celui de la manipulation du taux d'intérêt interbancaire, le «Libor».

Lors de l'annonce hier des résultats de 13 mois d'enquête, la Banque d'Angleterre a d'ailleurs confirmé le congédiement de son directeur de ce marché pour avoir omis d'agir contre les soupçons de collusion et de manipulation des changes qu'il entendait dans le milieu des cambistes.

Au Canada, pendant ce temps, aucune des principales banques n'a encore été liée à cette manipulation des changes ainsi qu'aux enquêtes encore en cours aux États-Unis, que l'on dit impliquer une vingtaine de banques d'origine américaine ou étrangère.

«Le dollar canadien ne compte que pour 2% environ du marché mondial des changes, et donc très peu susceptible d'avoir été ciblé par les cambistes manipulateurs à Londres ou à New York», de l'avis de François Leroux, professeur en commerce et marchés financiers internationaux à HEC Montréal.

«N'empêche, cette affaire fait une autre grosse coche à la réputation déjà entachée de certains grands groupes financiers. Il faut s'attendre à d'autres resserrements réglementaires de la part des autorités financières et politiques, qui en ont assez de ces comportements néfastes.»

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Intérêt personnel

«Ces traders ont privilégié leur intérêt personnel avant celui des clients. Ils ont manipulé le marché - ou tenté de le manipuler - et abusé ainsi de la confiance du public envers le système des changes.» - Martin Wheatley, directeur général de la Financial Conduct Authority du Royaume-Uni

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LES GRANDES BANQUES SANCTIONNÉES

Amendes en dollars US

JP Morgan (États-Unis): 1 milliard

Citigroup (États-Unis): 1 milliard

UBS (Suisse): 800 millions

Royal Bank of Scotland (RBS, Écosse): 634 millions

HSBC (Londres, Hong Kong): 619 millions

Bank of America (États-Unis): 250 millions

Font toujours l'objet d'un examen ou d'une enquête:

Une trentaine d'autres banques dont:

Barclays (Londres), Deutsche Bank (Allemagne)

Chez RBS (Écosse): enquête interne touchant plus de 50 cambistes, actuels ou antérieurs