Tout près du but six ans après avoir perdu leur emploi, les ex-employés de TQS devront attendre encore avant de recevoir les indemnités de plus de 4 millions de dollars qui leur sont dues.

L'argent devait être versé au plus tard le 24 juillet à ceux qui ont perdu leur emploi à cause du naufrage de TQS en 2008. Mais l'assurance-emploi s'est invitée dans le dossier, parce que ceux qui ont reçu des prestations après avoir perdu leur job devront les rembourser, comme la loi le prévoit. Qui doit quoi à l'assurance-emploi? Le calcul est en cours et se poursuivra encore plusieurs semaines, selon toute vraisemblance.

«Ce n'est pas juste long, c'est indécent», estime Annick Desjardins, conseillère syndicale au Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente les ex-employés de TQS à Québec.

Ce groupe d'une cinquantaine de personnes a été le premier à conclure une entente avec le syndic RSM Richter, responsable de la restructuration de TQS, et avec V, qui a repris les activités du diffuseur en difficulté. C'était en septembre 2012.

Les autres employés congédiés ailleurs au Québec, quelque 200 travailleurs représentés par la CSN, ont accepté à leur tour une entente en janvier 2014. Les chèques tant espérés allaient bientôt arriver, et ceux qui voulaient utiliser cet argent pour engraisser leur REER ont pris les dispositions nécessaires. Mais ils attendent toujours.

Nancie Ferron et son conjoint, Daniel Joannette, tous deux ex-employés de TQS, savent très bien ce qu'ils vont faire avec cet argent, quand ils mettront enfin la main dessus. «On n'est pas mal pris, mais on a une entreprise en pleine expansion et on veut réinvestir cet argent», dit Nancie Ferron, de la Maison Lavande, une entreprise qu'ils ont fondée après avoir perdu leur emploi.

La moitié des anciens employés de TQS se sont réorientés dans d'autres secteurs d'activités, selon le syndicat.

En tout, les ex-employés de TQS s'attendent à recevoir 4,2 millions, soit 1,275 million pour le groupe de Québec et 3 millions pour les employés de Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières et Jonquière. Les sommes varient entre 1000$ et 70 000$ par employé, selon le type d'emploi et l'ancienneté.

Ce règlement final est le résultat d'un long combat mené par les ex-employés, qui avaient initialement inscrit des créances de quelque 7 millions auprès du syndic. Il est composé de sommes considérées comme des créances ordinaires et d'une entente conclue avec V, le repreneur de TQS.

Alors qu'ils arrivent au bout de ce long tunnel, les ex-employés doivent s'attendre à recevoir moins, à cause des prestations à l'assurance-emploi à rembourser. «Il pourrait y avoir des pertes pour certains employés», croit Sylvain Côté, conseiller syndical à la CSN. L'examen du règlement entrepris par l'assurance-emploi pourrait prendre encore plusieurs semaines, estime-t-il.

«C'est long, mais il ne met pas en danger les termes de l'entente, précise-t-il. On peut compter sur le montant du syndicat et sur celui de V, qui a été mis dans un compte en fidéicommis.»

Le syndicat prêche la patience aux intéressés et aussi la prudence à ceux qui s'épanchent sur les réseaux sociaux. «Ces commentaires peuvent vous défouler à court terme, mais pensez qu'ils peuvent être blessants pour certaines personnes et, dans quelques cas, pourraient ouvrir la porte à des poursuites juridiques pour diffamation ou autre», préviennent les représentants syndicaux dans leur plus récent bulletin.