Alors que les dépenses en santé ont augmenté en moyenne de 5,6% au cours des dix dernières années au Québec, le gouvernement vise cette année une hausse de seulement 3%. Un objectif ambitieux que Québec souhaite atteindre notamment en limitant les coûts de l'assurance maladie, en étalant la hausse de la rémunération des médecins et en sabrant le budget du programme de procréation assistée.

Cette fois encore, c'est la santé qui accapare la majorité du budget du Québec, soit 44%. Mais le réseau sera appelé à se serrer la ceinture au cours des prochains mois. Non seulement la hausse des dépenses en santé ne doit être que de 3% cette année, mais elle ne sera que de 2,7% l'an prochain. En mai, l'Institut du Québec publiait un rapport dans lequel on mentionnait que réduire les dépenses en santé à 4,2% représentait déjà «un défi considérable».

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a assuré, hier, que l'objectif de son ministère est «d'apporter des ajustements dans l'organisation sans couper les services». «Ce qui ne veut pas dire qu'on ne reverra pas la pertinence de certains services. Par exemple des examens demandés pour rien. Il ne doit plus y en avoir.»

Mais plusieurs intervenants du réseau estiment qu'une réduction de services est inévitable. «L'année est déjà commencée et il est trop tard pour revoir des programmes ou pour diminuer les dépenses en si peu de temps sans impact sur la population», estime l'adjointe à la direction générale de l'Association québécoise des établissements de santé (AQESSS), Michèle Pelletier.

Médicaments et médecins

Pour parvenir à limiter les dépenses en santé, Québec veut notamment réaliser des économies dans l'assurance maladie. Le budget du programme n'augmentera que de 0,3% cette année, alors que les hausses annuelles sont généralement de 5 à 6%.

Le ministre Barrette freinera les coûts de l'assurance médicaments par la «signature d'ententes particulières avec les fabricants, la réduction du prix pour les médicaments génériques et la mise en place de meilleures pratiques». 

Le gouvernement compte également limiter ses dépenses en faisant des compressions dans les Agences de la santé et des services sociaux (5 millions),  en abandonnant le programme d'assurance autonomie (110 millions) et en conservant la taxe santé (1,115 milliard).

Il entend aussi étaler les hausses de rémunération des 18 000 médecins de la province. Dès cette année, Québec versera 285 millions aux médecins au lieu des 540 millions prévus. Le nombre d'années sur lesquelles le gouvernement étalera la hausse de la rémunération des médecins n'a toutefois pas été annoncé. 

Dès la fin de l'exercice 2015-2016, le gouvernement souhaite geler les effectifs dans le réseau de la santé. Au cours des dernières années, le nombre d'employés a augmenté de 1,5% par année en moyenne, soit 6250 employés à temps complet.