La vie d'un homme d'affaires n'est pas un long fleuve tranquille. Parlez-en à l'animateur de radio bien connu Ricky Dee. Avec ses partenaires, il a connu le succès avec le lancement de son restaurant mexicain Le Limon, en 2006. Le rêve a depuis tourné au cauchemar. Aujourd'hui, il poursuit son ex-associé pour 270 000$ et réclame plus de 600 000$ à sa caisse populaire. Un témoignage qui pourrait servir de leçon à tous les entrepreneurs en herbe.

Bon vivant, Ricky Dee a passé ses soirées à courir les restaurants en vogue de la métropole. Quand il reçoit une indemnité de fin de contrat en 2006, il souhaite investir dans ce qu'il a toujours aimé: la restauration.

Pour réussir son coup, l'animateur qui vient de ranger son micro à RadioÉnergie s'associe à des restaurateurs à succès: Jacques Trottier, ex-propriétaire de comptoirs Sushi Shop à MTY, et Francis Dumais, un entrepreneur en série qui avait fondé la chaîne Pizzédélic dans les années 90. Ensemble, ils ouvrent un restaurant spécialisé dans la cuisine mexicaine dans le secteur du théâtre Corona, dans la Petite Bourgogne, au sud-ouest du centre-ville.

«Comme un vrai gars de radio, je ne suis pas tellement bon avec les chiffres, reconnaît Ricky Dee, 52 ans, au cours d'un long entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Ça me prenait des bons partenaires.»

Homme de médias, Ricky, de son vrai nom Richard Drouin, s'occupe de la promotion de l'établissement. Dumais, un restaurateur dans l'âme, hérite de son administration. Une répartition des tâches logique, mais qui ne sera pas sans conséquence.

Les relations entre les associés se dégradent. Jacques Trottier est le premier à quitter l'entreprise en décembre 2007.

«Je suis parti faire l'Everest au printemps 2009, dit M. Drouin. Quand je suis revenu, Dumais a ouvert un restaurant à quelques pieds du Limon avec l'argent du Limon.»

Exaspéré, Richard Drouin rachète les parts de son partenaire Francis Dumais en novembre 2009. Devenu seul maître à bord, M. Drouin se met à scruter les livres du Limon. «Avant, je posais des questions, mais je n'administrais pas le restaurant.» Ce qu'il y découvre le jette par terre.

Le DJ, qui travaille depuis 2010 à la station Rouge FM, engage la comptable Chantal Patry pour y voir plus clair. En juin 2013, il dépose une première poursuite de 243 000$ contre son ex-associé Dumais et sa conjointe d'alors, Geneviève Guertin, dans le but de récupérer les sommes que Drouin croit que Dumais et Guertin auraient détournées du Limon. En mars 2014, la requête amendée fait passer la réclamation à 267 000$.

M. Drouin y allègue notamment que Dumais a utilisé la trésorerie du Limon pour financer l'ouverture de son nouveau restaurant italien le Geppetto, situé à quelques portes du Limon dans la rue Notre-Dame Ouest.

«La demanderesse n'a pas à payer pour les achats personnels du défendeur tels que les équipements du restaurant Geppetto appartenant aux défendeurs, les différentes cartes de crédit contractées par les défendeurs au nom du restaurant Limon, les différents chèques du restaurant Limon qu'ils se sont émis de manière personnelle ainsi que les différents dividendes», est-il allégué dans la requête amendée datée de mars 2014.

«On a réalisé qu'il y a eu des transferts d'argent dans les autres entreprises de mon partenaire, dit Ricky Dee. Il y a même l'achat d'un four à pizza.»

Ces allégations n'ont pas été prouvées en cour. M. Dumais n'a pas encore produit sa défense. «Elles sont vigoureusement contestées par mon client, dit au téléphone son procureur, Charles-André Sauvé, du cabinet Rolland Séguin Sauvé Pellerin Avocats, et sont même diffamatoires.»

Un juge a néanmoins consenti, le 8 juillet 2013, un bref de saisie avant jugement en faveur de M. Drouin à l'endroit des actions de Francis Dumais dans le restaurant Geppetto. Toutefois, le 5 mars 2014, un autre juge a refusé d'émettre un second bref de saisie, cette fois, sur les biens personnels de M. Dumais et de Mme Guertin. L'interrogatoire avant défense est censé commencer prochainement. Le procès est prévu pour 2015.