La longue marche du gouvernement fédéral vers le retour à l'équilibre budgétaire tire à sa fin. Le ministre des Finances Jim Flaherty a déposé mardi à la Chambre des communes un budget marqué au sceau de la prudence qui vise un seul objectif : engranger un premier surplus de 6,4 milliards de dollars en 2015, année où les Canadiens se rendront aux urnes.

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Pour y arriver, M. Flaherty limite au maximum les nouvelles dépenses - 5,8 milliards de dollars sur six ans « pour soutenir l'emploi et la croissance » en jumelant notamment les travailleurs aux emplois disponibles et en investissant dans la recherche et l'innovation et les infrastructures.

Mais il compense ces dépenses modestes en retardant l'achat des nouveaux équipements pour les Forces armées (3,1 milliards), en haussant les taxes d'accise sur les cartons de cigarettes (3,3 milliards sur six ans) et en réduisant la générosité du régime de retraite et du régime de soins de santé des fonctionnaires fédéraux (7,4 milliards de dollars sur six ans).

Il gèle aussi pour deux autres années les dépenses de fonctionnement des ministères (1,650 milliard) et il compte vendre les parts qu'il détient dans GM, entre autres.

Si la croissance économique est plus importante que prévue et qu'aucune catastrophe naturelle ne chamboule les prévisions d'Ottawa, le gouvernement Harper pourrait afficher un léger surplus de 100 millions de dollars dès 2014-2015. Mais si cela s'avère impossible, le déficit sera quand même relativement petit, à 2,9 milliards durant cet exercice financier.

«Lorsque les gouvernements creusent des déficits sur de longues périodes, ils dépensent de l'argent des générations futures. Cette pratique de financement par endettement met en péril les programmes sociaux dont nous bénéficions et dont nos enfants auront bientôt besoin », a affirmé M. Flaherty dans son discours aux Communes.

« C'est pourquoi nous tenons tellement à rétablir l'équilibre budgétaire et à remettre le Canada en position de force sur le plan des finances publiques », a-t-il ajouté dans son discours, l'un des plus brefs de son règne.

En point de presse, M. Flahety a affirmé que son budget est « ennuyant ».

« Mais un budget ennuyant, pour moi, est un bon budget».

Une fois le déficit éliminé, le gouvernement fédéral prévoit des surplus totalisant 33 milliards de dollars durant les quatre premières années. Que fera-t-on de ces surplus ? La réponse précise sera contenue dans le budget de 2015, celui sur lequel misent les conservateurs pour assurer leur réélection. Mais un allégement du fardeau fiscal des contribuables est évidemment dans les plans.

Dans son budget, M. Flaherty revient à la charge pour qu'Ottawa joue un rôle plus important dans la formation de la main-d'oeuvre dans l'espoir de s'attaquer à la pénurie de travailleurs dans certaines régions. Ainsi, le ministre avise les provinces qu'Ottawa ira de l'avant avec sa nouvelle subvention canadienne pour l'emploi dès le 1er avril, avec ou sans leur accord. Cette subvention qui totalisera 300 millions par année a été annoncée en 2013 et doit remplacer les ententes existantes de formation de la main-d'oeuvre avec des provinces.

Les négociations que mène le ministre fédéral de l'Emploi, Jason Kenney, depuis plusieurs mois avec les provinces sont dans l'impasse. À défaut d'un accord d'ici le 1er avril, Service Canada versera les subventions directement aux entreprises qui veulent faire de la formation.

Le gouvernement Harper propose par ailleurs de créer un nouveau fonds, Apogée Canada, doté d'un budget de 1,5 milliard de dollars sur 10 ans, pour soutenir la recherche et l'innovation. Parmi les autres mesures importantes du budget, le ministre Flaherty a annoncé :

•       500 millions de dollars de plus sur deux ans au Fonds d'innovation pour le secteur automobile pour financer de nouveaux projets de recherche ;

•       391,5 millions sur cinq ans pour retaper les routes, les ponts et les barrages situés dans les parcs nationaux et aux abords des canaux historiques ;

•       305 millions sur cinq ans pour étendre et améliorer l'accès aux réseaux haute vitesse à large bande dans les régions rurales et dans le Nord.

Le gouvernement Harper prévoit aussi adopter des mesures législatives afin de sanctionner les entreprises qui imposent aux consommateurs des prix plus élevés qu'aux Etats-Unis pour les mêmes produits.