La crise économique n'a pas entamé l'engouement des Portugais pour les jeux d'argent, pour preuve: la loterie portugaise, la plus ancienne d'Europe, a enregistré un chiffre d'affaires record en 2012.

Elle s'apprête en outre à lancer l'année prochaine à l'occasion du Mondial de football au Brésil des paris sportifs, à l'image des autres grands opérateurs privés et publics européens.

Ce projet, qui devra être validé par le gouvernement portugais, sera mis en oeuvre avec l'appui technique de la Française des Jeux (FDJ), ont annoncé vendredi à Lisbonne les responsables de la loterie Santa Casa et de la FDJ.

Les Portugais sont au premier rang européen des dépenses dans le secteur des loteries, jeux de grattage, et autres paris exploités via un réseau de détaillants ou par internet.

À l'entrée de la plus importante boutique portugaise de billets de loterie, dans le centre de la vieille ville de Lisbonne, une statue de la reine Leonor accueille les joueurs.

Porte-bonheur pour les joueurs de la loterie de Noël ou d'Euro Millions, la statue rappelle que cette reine avait créé il y a plus de cinq siècles la Santa Casa misericordia de Lisbonne, l'une des plus anciennes institutions caritatives au monde.

Trois siècles plus tard, en 1783, la reine Maria autorise Santa Casa à exploiter une loterie pour financer la santé et l'assistance sociale des plus pauvres.

En 2012, dit Fernando Paes Afonso, vice-président de Santa Casa et directeur général du département des jeux (Jogos Santacasa), la loterie a versé 33 % de ses bénéfices au ministère de la Solidarité et 30 % à Santa Casa.

«Nous avons connu l'an dernier un chiffre d'affaires record de 1,7 milliard d'euros, dont 534 millions d'euros ont été affectés aux "bonnes causes" de l'État et de Santa Casa», ajoute-t-il.

Pour faire fonctionner sa quinzaine de maisons de retraite, sa soixantaine de crèches, ses établissements de rééducation ou des recherches de pointe en neurologie, Santa Casa dispose également de ressources issues de plusieurs milliers d'immeubles dans la capitale provenant de cinq siècles de dons et de legs.

Premier rang en Europe

Parmi les premiers opérateurs de jeux européens à avoir lancé en 1961 des paris sportifs mutuels (Totobola), Jogos Santacasa a créé un loto (Totoloto) en 1985, puis des jeux de grattage dix ans plus tard.

Mais c'est à partir de 2004 et la création de la loterie européenne Euro Millions, que la loterie portugaise va connaître un développement inespéré. «Dès les premiers tirages, Euro Millions porté par ses espoirs de gains en millions d'euros, a passionné les joueurs portugais», raconte Fernando Paes Afonso.

Aujourd'hui, les Portugais dépensent une moyenne de 100 euros par an et par joueur à Euro Millions ce qui les placent au premier rang des joueurs des neuf pays de la loterie européenne. En 2012, Euro Millions a représenté 60 % des recettes de la loterie portugaise.

«80 % des Portugais ont joué au moins une fois à Euro Millions», confie le patron de Jogos Santacasa. De 2004 à 2012, ajoute-t-il, Euro Millions a totalisé 8 milliards d'euros de ventes au Portugal, dont 3,2 milliards sont retournés dans les caisses de l'État ou de Santa Casa.

Et, malgré la crise, Jogos Santacasa a décidé de se lancer dans les paris sportifs à cote à l'occasion du Mondial de football au Brésil.

Santa Casa et La Française des Jeux (12,1 milliards de chiffre d'affaires en 2012) ont signé un accord de coopération technique pour que l'opérateur de jeux français puisse faire bénéficier la loterie portugaise de son expérience.

«Un simple échange de savoir-faire», commente Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la FDJ, mais pas «un nouveau jeu transfrontalier comme Euro Millions».