Le gouvernement du Bangladesh a ordonné «une action judiciaire» contre le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, banque pionnière dans le microcrédit, l'accusant de fraude fiscale.

Muhammad Yunus, 73 ans, est en délicatesse avec les autorités de Dacca depuis 2011.

Le gouvernement, mené par le premier ministre Mme Sheikh Hasina, a demandé à l'administration fiscale, à la banque centrale et aux régulateurs bancaires d'agir selon «les lois existantes», a annoncé en début de semaine le secrétaire du cabinet, Musharraf Hossain Bhuiyan.

L'État lui reproche de ne pas avoir payé des impôts sur les redevances de ses livres et sur ses cachets lors de conférences à l'étranger.

Le bureau de Muhammad Yunus a vigoureusement démenti ces accusations, indiquant que le prix Nobel avait payé tous ses impôts selon la loi du pays.

M. Yunus a créé en 1983 la Grameen Bank, pionnière du microcrédit. En 2011, il avait été poussé à la démission par le gouvernement au terme d'un long bras de fer juridique, au motif officiel qu'il avait largement dépassé l'âge maximal pour le départ à retraite.

Mais, selon les observateurs, l'influence considérable de la Grameen Bank au Bangladesh, qui a aujourd'hui des activités dans les panneaux solaires, la téléphonie mobile et d'autres biens de consommation, a suscité la convoitise du pouvoir politique.

Sheikh Hasina aurait également été rendue furieuse par une brève tentative de Muhammad Yunus d'entrer en politique, en 2007, avancent les observateurs.

La Grameen et son fondateur avaient conjointement remporté le prix Nobel de la paix en 2006.

En juin, M. Yunus, considéré comme un héros national par nombre de ses compatriotes, avait accusé le gouvernement du Bangladesh de «voler» l'établissement aux pauvres qui bénéficient de ses prêts.