Les gouvernements des pays de l'UE vont «beaucoup trop loin» dans la politique d'austérité, juge le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, dans une interview samedi au quotidien belge L'Echo.

«Concernant le niveau national, nous sommes engagés beaucoup trop loin dans la politique d'austérité. L'argument qui consiste à dire qu'avec la réduction des budgets publics, la confiance des investisseurs revient, est manifestement faux», affirme M. Schulz au moment où le débat entre austérité et relance fait rage sur fond de récession et de chômage massif en Europe.

Pour lui, «aucune économie nationale ne se redresse sans une relance économique avec des investissements stratégiques».

Dans une interview accordée de son côté au quotidien La Libre Belgique, le premier ministre belge Elio Di Rupo abonde dans son sens, en jugeant que «l'austérité nuit à la santé» et que «dans les mois qui viennent, nous devons travailler au sein de l'Union européenne pour modifier le tir».

«Les choses évoluent», note cependant M. Di Rupo. «Écoutez le FMI, l'OCDE... Que disent-ils? Qu'il faut arrêter les politiques d'austérité, la zone euro étant la plus mal lotie dans le monde en termes de reprise».

À propos de la position de la chancelière allemande, qui défend l'orthodoxie budgétaire et dont les socialistes français ont fustigé «l'intransigeance égoïste», M. Schulz estime qu'«on ne peut pas accuser Angela Merkel de décider seule, alors qu'il y a 26 autres dirigeants autour de la table» au Conseil européen et que l'Allemagne «n'a qu'une voix».

«Le seul qui a contredit cette approche, c'est François Hollande, qui a demandé un paquet croissance. Mais où sont restées ces mesures? Je vais le répéter, le 22 mai, à nouveau aux dirigeants européens» lors du prochain sommet, promet M. Schulz.

Concernant le projet européen dans son ensemble à l'approche des élections européennes de 2014, il dit «comprendre les gens qui sont déçus» et juge que «l'Union européenne est dans un état lamentable».

«Il faut aller chercher les citoyens là où ils se trouvent. Et ils se trouvent actuellement dans une situation de scepticisme compréhensible: il y a l'inefficacité de l'Union européenne, le manque de transparence dans les décisions, une troïka qui impose certaines mesures aux pays...», relève-t-il.

«La Banque centrale européenne, quelle est sa responsabilité démocratique? Le FMI, quelle est sa responsabilité démocratique? Il faut qu'on admette que les gens ne comprennent plus le fonctionnement de l'UE», selon lui.

M. Schulz, interrogé pour savoir s'il sera le candidat des socialistes à la présidence de la Commission européenne, juge qu'«il est trop tôt pour répondre à cette question». Mais «je prends note que mon nom est souvent mentionné, tout comme celui de (l'actuel président de la Commission José Manuel) Barroso», dit-il.