La Caisse populaire Desjardins de Ville-Émard (qui s'appelle maintenant Caisse Desjardins Saint-Henri-Ville-Émard à la suite d'une fusion) n'a déposé aucune plainte à la police contre son ex-employée Martine Cyr, qui a volé 21 150$ en pigeant dans le compte de Jean-Claude Patenaude, dans les dernières années de sa vie.

Un jugement de novembre 2011 de la Cour supérieure a ordonné à la Caisse populaire de Ville-Émard de payer 171 000$ à la succession de Jean-Guy Patenaude, qui a été volé par Mme Cyr.

Jean-Guy Patenaude, personne âgée en perte d'autonomie, demeurait à la résidence du Mont-Carmel, au centre-ville, où la Caisse de Ville-Émard offrait des services financiers.

Mme Cyr, qui montait aux chambres des clients pour y faire des transactions, a effectué 13 retraits frauduleux de 1000$ à 2200$ dans le compte de M. Patenaude entre mai 2004 et janvier 2005. Celui-ci est mort en mai 2005, à 74 ans.

La Presse Affaires a appris récemment que la Caisse, qui avait dans un premier temps interjeté appel du jugement la condamnant, a fait volte-face et a payé son dû début 2012 à la succession du membre de la coopérative financière.

Dans une conversation téléphonique, mardi, Yves Gibeau, directeur général de l'institution financière locale, a indiqué qu'aucune plainte à la police n'a été déposée contre la voleuse. «À ma connaissance du dossier, madame était en fin d'emploi et ça s'est terminé là», a-t-il dit.

Impunité

La Caisse a congédié Martine Cyr, qui comptait 20 ans de service, le 6 novembre 2008, non pas à cause du vol, mais pour des congés de maladie non motivés par un certificat médical.

Pourquoi cette impunité à l'égard de Martine Cyr qui, aux yeux du juge Robert Castiglio de la Cour supérieure, a détourné à son profit plus de 20 000$? «Le dossier est fermé pour moi depuis un bout de temps, répond M. Gibeau. Il n'y a pas de suivi qui m'a été recommandé par rapport au processus qui a été engagé dans le dossier.»

L'attitude de Desjardins à l'égard de son ex-caissière surprend la famille Patenaude, qui se réjouit par ailleurs que la Caisse de Ville-Émard ait finalement accepté de la dédommager. «La p'tite madame qui a volé, je me demande si elle sera importunée de quelque façon que ce soit», confie Raymond Jodin, neveu de la victime.

Restructuration au Service des enquêtes

L'affaire Patenaude a au moins le mérite de remettre en question les façons de faire au Service des enquêtes de l'institution financière.

Le bureau des enquêtes a été restructuré au complet à la suite du jugement, a expliqué une porte-parole du Mouvement Desjardins. Auparavant, les enquêtes n'étaient pas menées de la même façon, selon l'enquêteur au dossier. On a uniformisé les façons de faire et les enquêteurs doivent tous travailler avec le même rapport. Les rapports d'enquête sont ensuite revus par une seule personne qui assure le contrôle de qualité et qui valide la conformité de l'enquête.

Dans sa décision, le juge Castiglio avait qualifié de «bâclée» l'enquête effectuée par Desjardins.

Les rapports de l'enquêteur Réjean Bourassa (aujourd'hui à la retraite) passaient notamment sous silence le fait que la caissière Martine Cyr avait déposé dans son compte personnel d'importantes sommes en espèces entre mai 2004 et janvier 2005, pour un total de 33 610$. «Ces dépôts en espèces sont tout à fait irréconciliables avec le salaire de l'employée, soit 300$ par semaine», soulignait le magistrat.