Le ministre chypriote du Travail, Harris Georgiades, prédit à son pays une forte récession et une nette hausse du chômage en raison des mesures prévues dans le plan de sauvetage de l'île, conclu avec la troïka, dans un entretien à Bild, mardi.

«Nous allons traverser une période très difficile. Cette action inédite de correction du système bancaire va plonger les secteurs productifs de l'économie dans de grandes difficultés. Nous nous attendons à une récession profonde et à un chômage en hausse», a-t-il déclaré au quotidien allemand.

Le plan conclu dans la nuit de dimanche à lundi avec l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI contient des «décisions difficiles et douloureuses», a poursuivi M. Georgiades, qui est également vice-ministre des Finances.

«Ce que l'Eurogroupe nous demande c'est de corriger tous les déséquilibres de notre économie d'un coup. Cela créera des problèmes pour les citoyens et les entreprises de Chypre», a-t-il jugé.

Le ministre s'est également plaint du déroulement des négociations avec l'Eurogroupe. «Je dois dire que l'Eurogroupe a aussi commis des erreurs: certaines décisions ont été prises puis modifiées. Et les messages que nous recevions étaient souvent contradictoires», a-t-il ajouté.

Chypre a évité la banqueroute grâce à un plan de sauvetage de dernière minute, mais le prix à payer par Nicosie est très élevé. Laïki Bank (Popular Bank en anglais), la deuxième banque du pays, va être mise en faillite de manière ordonnée.

Bank of Cyprus, la première banque chypriote, reprendra à terme les dépôts garantis de Laïki Bank. Elle reprendra aussi les dettes de celle-ci envers la Banque centrale européenne (BCE), qui s'élèvent à 9 milliards d'euros.

Les titulaires de comptes dépassant 100 000 euros auprès de la Bank of Cyprus vont aussi subir une ponction de l'ordre de 30% de leurs avoirs.



Les banques resteront fermées jusqu'à jeudi


Toutes les banques de Chypre resteront fermées jusqu'à jeudi, a annoncé la Banque centrale dans un communiqué publié tard lundi soir.

Le ministre chypriote des Finances Michael Sarris a pris cette décision sur les conseils du gouverneur de la Banque centrale, Panicos Demetriades, dans le but «d'assurer le bon fonctionnement de tout le système bancaire», indique le communiqué.

La Banque centrale avait annoncé quelques heures plus tôt que toutes les banques, sauf les deux les plus importantes, la Bank of Cyprus et la Laiki Bank, fermées depuis le 16 mars, seraient rouvertes mardi après une fermeture de dix jours devant la menace de retraits d'argent massifs.

La Bank of Cyprus et la Laiki Bank rouvriront jeudi afin de donner du temps aux responsables pour mettre en place les mesures imposées dans le cadre du plan de sauvetage de l'île, avait indiqué l'agence de presse gouvernementale CNA, citant un responsable de la Banque centrale chypriote non identifié.

La décision de rouvrir la plupart des banques est survenue après que Chypre soit parvenue dans la nuit de dimanche à lundi à un accord avec la troïka (Union européenne, BCE et Fonds monétaire international) pour éviter la faillite et une sortie de la zone euro, au prix de lourdes pertes pour les créanciers de la Bank of Cyprus et la fermeture pure et simple de la Laiki Bank.