Les banques de la zone euro vont rembourser en avance une part plus faible que prévu d'un prêt exceptionnel de la Banque centrale européenne (BCE) accordé en 2012 pour endiguer la crise, une prudence liée à des craintes sur les élections en Italie, selon des analystes.

Au total 356 banques ne vont rembourser mercredi que 61,1 milliards d'euros empruntés durant la seconde opération de prêt exceptionnel sur 3 ans (LTRO) de la BCE il y a un an, sur un montant initial alloué de 529 milliards d'euros, a indiqué vendredi l'institution monétaire.

Ce remboursement est nettement inférieur à celui du premier LTRO de la BCE fin janvier, quand 278 banques avaient rendu 137,16 milliards d'euros sur un total emprunté de 489 milliards d'euros.

Beaucoup d'analystes tablaient sur un montant proche pour le premier jour de remboursement du second LTRO.

Mais les banques ont peut-être été «réticentes à se séparer des liquidités de la BCE avant que le risque de chaos politique ne s'estompe en Italie après les élections» législatives de dimanche et lundi, ont estimé les analystes de Commerzbank.

Par ailleurs plusieurs grandes banques désireuses de montrer qu'elles se portaient mieux, comme l'Allemande Commerzbank, la Belge KBC, la Britannique Lloys ou l'Espagnole Santander, ont déjà remboursé fin janvier tout ou une grande partie de leurs emprunts tirés du premier LTRO, ce qui a gonflé les volumes des remboursements fin janvier.

La BCE quant à elle ne divulgue pas l'identité des banques participantes ni leurs emprunts et remboursements respectifs.

Mais à en croire les bilans de janvier des banques centrales nationales, les banques françaises ont remboursé 51 milliards d'euros à la BCE pour le premier LTRO, les banques espagnoles 44 milliards et les banques allemandes 20,6 milliards. En revanche les banques italiennes semblent n'avoir pas encore remboursé le moindre centime, selon Barclays.

Fin 2011 la BCE avait décidé de lancer en décembre 2011 et février 2012 deux prêts exceptionnels de long terme pour alimenter en liquidités les banques de la zone euro qui en feraient la demande, à volume illimité et au taux fixe de 1 %.

Ces opérations visaient à éviter l'étranglement de certaines banques, notamment en Europe du Sud, qui étaient incapables d'obtenir des liquidités sur le marché du prêt interbancaire, en raison des vives inquiétudes sur la crise de la dette en zone euro.

La BCE espérait aussi qu'en retour les banques prêteraient davantage aux entreprises et aux ménages pour soutenir la croissance. Mais cet espoir a été quelque peu déçu, de l'aveu même de son président Mario Draghi, aussi parce que la demande de crédit est faible en période de récession.

Si bien que de nombreuses banques ne savaient que faire de ces montagnes de liquidités et les parquaient dans les dépôts au jour le jour auprès de la BCE. Mais depuis juillet dernier la BCE ne rémunère plus ces comptes.

Depuis le 30 janvier, les banques peuvent continuer de rembourser chaque semaine le premier LTRO, ce qu'elles font au compte-gouttes: environ 12 milliards d'euros supplémentaires ont été remboursés depuis, et 1,74 milliard d'euros de plus sont programmés pour mercredi.

Il n'est pas exclu d'observer une hausse des remboursements hebdomadaires des deux LTRO dans les prochaines semaines si la situation politique se clarifie en Italie, selon Barclays.