Le scandale de corruption qui secoue les groupe pétroliers algérien Sonatrach et italien ENI pourrait avoir des prolongements au Canada touchant le géant de l'ingénierie SNC-Lavalin (T.SNC), a rapporté jeudi le quotidien The Globe and Mail.

Cette affaire implique un agent de SNC-Lavalin, un Algérien ayant fait ses études à Montréal, Farid Bedjaoui, neveu d'un ancien chef de la diplomatie d'Alger, qui aurait obtenu pour le groupe canadien un milliard de dollars de contrats avec la Sonatrach, écrit le journal, qui a enquêté avec le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore.

The Globe cite des sources proches de l'enquête en Europe et au Canada pour indiquer que SNC, comme une filiale d'ENI, Saipem, avaient utilisé les services de M. Bedjaoui.

Le groupe canadien a connu ces dernières années quelques cas de corruption, concernant des contrats conclus en Libye du temps du régime Kadhafi, mais aussi à Montréal même. Ces affaires n'ont pas encore connu d'aboutissement judiciaire, mais ont entraîné la démission puis l'arrestation du numéro un, Pierre Duhaime, et l'arrestation en Suisse de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction.

SNC-Lavalin est également soupçonnée d'avoir versé 160 millions de dollars à un fils du colonel Kadhafi.

C'est l'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa qui aurait révélé que SNC-Lavalin - comme Saipem - aurait fait des versements suspects à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui.

Interrogée par l'AFP, SNC-Lavalin s'est bornée à confirmer que, «d'après ses propres recherches», M. Bedjaoui «était lié à certaines entreprises» qui avaient des contrats avec ses filiales.

«Ces contrats étaient négociés par d'anciens salariés de notre entreprise et, autant que nous sachions, étaient à l'époque des ententes d'affaires ordinaires», a écrit la porte-parole de SNC-Lavalin Leslie Quinton.

À Alger, le parquet a ordonné le 10 février l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle corruption liée à des contrats entre Eni et Sonatrach.

Cette annonce a suivi de près l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan.

Un porte-parole d'Eni à Milan s'est borné à réaffirmer que le groupe pétrolier italien était «totalement étranger à l'affaire» et que la Saipem était «une société différente».

Sur le site de cette dernière, Eni figure comme son principal actionnaire avec 42,9% du capital.